lundi, 14 octobre 2024
Pour tout savoir sur le livre, consultez son site web !
Ce billet « épinglé » en haut du blogue présente le site web du livre « Notre cerveau à tous les niveaux. Du Big Bang à la conscience sociale » (Écosociété, octobre 2024) au https://livre.blog-lecerveau.org
Les liens ci-dessous donnent accès à ses différentes sections:
Sommaire et Table
En savoir plus sur le livre
Toutes les références cliquables
Pages retirées du livre par manque d’espace
Ainsi que les prochains événements reliés au livre et les différentes façons de se le procurer :
Achat direct à l’auteur (avec bonus pour lui et vous)
En librairie ou pdf au Canada
En librairie ou pdf en Europe
Le menu du haut vous permet aussi d’avoir accès à la page du livre sur le site d’Écosociété, de voir les médias qui en parlent et de consulter la biographie des deux co-auteurs.
Du simple au complexe | Pas de commentaires
lundi, 3 février 2025
L’héritage de Frans de Waal sur la « nature humaine » inspire (enfin) la sociologie
Je viens d’apprendre le décès, en mars dernier à l’âge de 75 ans, du grand primatologue Frans de Waal. Triste nouvelle que la disparition de ce chercheur et vulgarisateur hors pair de sa discipline. Il aura tant fait pour montrer que, contrairement à une conception de la nature humaine comme d’abord foncièrement égoïste telle que promulguée par le philosophe Thomas Hobbes par exemple, la moralité humaine n’est pas qu’une mince couche culturelle mais a au contraire des racines évolutives profondes qui puisent dans l’empathie et la réciprocité dont font abondamment preuve les autres primates, et même les autres mammifères. La citation de de Waal que je cherchais ce matin dévoile en effet une « nature humaine » plus complexe et nuancée. C’est l’idée que l’humain, avec son cerveau trois fois plus volumineux que ses plus proches cousins actuels, le chimpanzé et le bonobo, peut être à la fois plus agressif que le premier (qui peut se mettre à plusieurs pour tuer un membre isolé d’un autre groupe) et à la fois plus altruiste que le second (réputé pour régler des conflits avec des relations sexuelles). Avec le dérive actuelle d’une oligarchie techno-fasciste chez nos voisins du sud, beaucoup se questionnent avec raison sur cette « nature humaine » actuellement. C’est donc là-dessus que je voulais écrire un peu ce matin, sur ce que des disciplines comme l’éthologie ou la primatologie peuvent apporter à cette compréhension.
Je commencerais par cette citation de de Waal, trouvée sur sa fiche Wikipédia, et qui résume bien la tendance que les sciences comparatives du comportement entre les espèces ont mis de plus en plus en évidence, soit l’absence d’une coupure nette entre nous est les autres espèces, malgré l’écran de fumée du langage parlé, de nos cultures si diversifiées et de nos technologies débridées. Elle est tirée de son livre The Age of Empathy:
« Nous commençons par postuler des frontières nettes, telles qu’entre les humains et les grands singes, ou entre les grands singes et les singes, mais avons en fait affaire à des châteaux de sable qui perdent beaucoup de leur structure lorsque la mer de la connaissance les recouvre. Ils se transforment en collines, nivelés de plus en plus, jusqu’à ce que nous revenions là où la théorie de l’évolution nous mène toujours : une plage en pente douce. »
Cela rejoint la pensée du primatologue québécois Bernard Chapais dont j’avais parlé ici au sujet de son important ouvrage Lien de sang. Chapais rappelle en effet souvent qu’on sait maintenant que l’espèce humaine n’a rien inventé : outils, culture, communication à travers diverses formes de langage, politique, tromperie, réconciliation, soucis esthétique, deuil, etc., tout ça a pu être identifié en germe dans de nombreuses autres espèces. Mais l’être humain a pu « pousser » chacune de ces manifestations comportementales très loin, et ce, autant pour rendre nos rapports plus harmonieux que belliqueux.
Je parle de tout ça dans une présentation intitulée « L’être humain, un drôle d’animal », que j’ai souvent faite depuis quelques années devant différents publics, mais que je suis en train de mettre à jour à partir de ce que je découvre dans le très inspirant ouvrage « Les structures fondamentales des sociétés humaines » (2023), du sociologue français Bernard Lahire. Ce qui est remarquable dans la démarche de ce sociologue, c’est cet appel à ses collègues souvent très centrés sur les particularismes et l’incroyable diversité culturelle des sociétés humaines, de prendre de la distance pour mieux distinguer les invariants sur lesquels chaque société brode culturellement ses propres motifs. Et pour ce faire, Lahire prône non seulement la comparaison inter-sociétés mais aussi et surtout inter-espèces.
Le passage suivant, tiré de la page 486 du livre (version pdf qui est la mienne), résume bien cet ambitieux programme de recherche :
« En effet, la question n’est pas de savoir quelle est la part d’inné et d’acquis, de contrainte ou de déterminisme génétique et de contrainte ou de déterminisme culturel, dans tel ou tel comportement social, mais de savoir en quoi l’espèce humaine, en tant qu’elle est le produit d’une longue histoire des espèces vivantes, est, par ses caractéristiques biologiques propres (altricialité secondaire, partition sexuée, grande longévité, uniparité, etc.), d’emblée porteuse de contraintes sociales qui vont peser très lourdement sur l’ensemble de son histoire culturelle. »
Je n’ai plus le temps et l’espace dans ce billet de blogue pour élaborer sur les phénomènes (et bien d’autres!) mentionnés dans la parenthèse de la citation précédente et qui ont tous eu un impact important sur l’organisation sociale de notre espèce. J’aurai sans doute l’occasion d’y revenir quand j’aurai fini la lecture du livre de Lahire et l’intégration de ces données dans mes conférences. Mais j’en parle déjà quand même pas mal dans mon livre, notamment à la fin de la 2e rencontre, en survolant les facteurs très intriqués de l’accroissement du volume cérébral durant l’hominisation. Et j’y reviens à la 12e, en questionnant les implications de cette nature humaine « à géométrie grandement variable » selon le contexte et les normes sociales qui peuvent nous tirer autant vers le meilleur que vers le pire. Je pense par exemple à cette section que je tenais à mettre dans le livre sur tous ces travaux qui montre comment le pouvoir, en particulier le pouvoir excessif des milliardaires, éloigne les riches de leur humanité. C’est très bien documenté, au point où la revue The Atlantic titrait un de ses articles sur la question en 2017 : Power Causes Brain Damage. « Food for thought », comme on dit, en ces temps troubles…
Je laisse le dernier mot à Frans de Waal, tiré de cet article qui résume évoque toute la richesse de ses travaux et de sa pensée :
“Civilization is not some outside force: it is us. No humans ever existed without biology, nor any without culture. And why do we always consider our biology in the bleakest possible light? Have we turned nature into the bad guy so that we can look at ourselves as the good guy? Social life is very much part of our primate background, as are cooperation, bonding and empathy. This is because group living is our main survival strategy.”
* * *
En terminant, et pour offrir justement plusieurs occasions de réfléchir sur tout ça, je vous signale le lancement de la session Hiver-Printemps de l’UPop Montréal qui aura lieu à 19h mardi le 11 février prochain, à la librairie indépendante La Livrerie, à Montréal. Outre la traditionnelle présentation rapide de chaque cours par les professeurs, histoire de s’en faire une idée, on projettera ensuite le film « Amazonie, à la rencontre des gardiens et des gardiennes de la forêt » (2024), en présence du réalisateur Santiago Bertolino et de la protagoniste principale du film, Marie-Josée Béliveau.
Et petit scoop en ce qui me concerne, après le 2e lancement de « Notre cerveau à tous les niveaux » qui s’était tenu dans le cadre de l’UPop le 20 novembre dernier, j’annoncerai ce soir-là une autre activité un peu spéciale en rapport avec mon livre, dont la forme sera un peu spéciale et inspirée directement de l’ouvrage. Donc on se voit le 11 février pour le dévoilement de ce projet « d’accompagnement » du bouquin, qui sera ensuite publicisé ici est sur les réseaux de l’UPop Montréal !
De la pensée au langage, L'émergence de la conscience, Le bricolage de l'évolution | Pas de commentaires
lundi, 27 janvier 2025
Deux conférences et un scoop !
La « saison des conférences » a repris de plus belle pour moi avec trois présentations qui s’en viennent cette semaine et près d’une vingtaine dans les deux prochains mois. Comme je dois d’ailleurs fignoler celle de cet après-midi, je me contenterai cette semaine de vous en signaler deux qui sont en ligne, l’une de moi et l’autre de Martin Picard. Pour ce qui est de la mienne, c’est celle que j’ai donnée le 16 janvier dernier à Montréal lors d’une invitation conjointe des Sceptiques et des Humanistes du Québec. J’avais présenté ici il y a deux semaines le résumé de cette présentation qui est une version bonifiée de celle faite lors du « 2e lancement » du bouquin dans le cadre de l’UPop Montréal le 20 novembre dernier. La vidéo de la conférence d’une heure peut être visionnée sur cette chaîne Youtube. Je remercie Michel Pion pour le support technique malgré les difficultés de changement de diapo durant la première moitié (qu’il a fini par résoudre!) et pour la captation à deux caméras et le montage dynamique qui en a résulté. Et c’est à la toute fin de cette conférence que j’annonçais le scoop suivant : à partir du 25 mars prochain, à raison d’une fois par mois, j’organise un « club de lecture » où l’on va discuter et approfondir chaque rencontre de mon livre « Notre cerveau à tous les niveaux. Du Big Bang à la conscience sociale » ! Donc 12 rencontres mensuelles en tout, idéalement sur les lieux mêmes des rencontres qui ont eu lieu entre Yvon D. Ranger et moi à l’été 2022 ! Il s’agit donc d’une activité qui s’échelonnera sur au moins un an et qui sera offerte dans le cadre de l’UPop Montréal. Plus de détails seront donnés lors de la soirée de lancement de la session Hiver-Printemps de l’UPop qui aura lieu le mardi soir du 11 février prochain. Plus d’info à venir donc, mais ça s’annonce encore une fois toute une aventure ! 😉 (suite…)
Du simple au complexe | Pas de commentaires
lundi, 20 janvier 2025
Références 2025 dans un livre 2024 et vidéo époustouflante sur l’hippocampe !
Un autre grand plaisir depuis la parution de « Notre cerveau à tous les niveaux », outre celui pouvoir simplement avoir le temps de lire de nouveaux livres, c’est celui d’ajouter des références 2025 à un livre publié en 2024 ! C’est en effet ce que permet le fait d’avoir mis les (plus de 2800…) références du livre uniquement sur son site web. Il s’agit alors pour moi de trouver un point d’ancrage dans le livre, c’est-à-dire un numéro de référence à la fin d’une phrase qui a un lien avec l’étude que je veux ajouter, et d’aller ensuite l’ajouter dans le site web à la suite de celle du numéro choisi (plusieurs numéros ont souvent déjà plusieurs références associées). La première référence de 2025 que j’ai ajoutée comme ça est celle d’un article sur l’intelligence collective des fourmis rapportée par le site web StudyFinds le 2 janvier 2025 (merci Walter pour le signalement) qui vulgarisait l’article publié le 23 décembre 2024 dans PNAS et intitulé Comparing cooperative geometric puzzle solving in ants versus humans. Et montrait que pour certains problèmes spatiaux, comme faire passer un objet avec une forme un peu compliquée dans un espace restreint, un groupe de fourmis pouvait faire mieux qu’un groupe d’humains adultes ! Comme j’avais déjà à la 9e rencontre (p.359) la référence numéro 7 après une évocation des « super-organismes », ces espèces sociales où la division du travail est grande, comme chez les abeilles ou justement les fourmis, c’est là que j’ai ajouté ma première référence 2025 ! (suite…)
Au coeur de la mémoire | Pas de commentaires
lundi, 13 janvier 2025
Notre cerveau à tous les niveaux : en librairie et aux Sceptiques du Québec
Quand « Notre cerveau à tous les niveaux » est arrivé en librairie l’automne dernier, on a compris assez vite, mon éditeur et moi, qu’il suscitait quelques interrogations quant à l’endroit où le placer en rayon. Et avec raison, car avec un sous-titre comme « Du Big Bang à la conscience sociale », ça laisse un peu de lousse, comme on dit… Fallait-il le mettre dans les sciences fondamentales ou les sciences sociales ? « Aux deux endroits », avait malicieusement répondu David Murray à des libraires de Québec ! Et il avait raison sur le fond, puisque le livre traite autant des aspects biophysiques qui rendent possible la vie, et donc notre existence, que de l’organisation sociale des humains qui est devenue une menace à ces conditions même d’existence. Voilà pourquoi ça me fait toujours sourire quand je reçois des photos de son placement en libraire. Les deux de cette semaine montrent en tout cas le flair des libraires indépendants qui, dans le premier cas (à Paris en France, merci Josiane Borredon) le voient quelque part entre une monographie de chimie générale et un opus du physicien militant Aurélien Barrau. Et dans le second cas (à Rouyn au Québec, merci Sophie Turri) le placent à côté des essais d’Alain Deneault, Boucar Diouf et Catherine Dorion. Le hasard des patronymes et de l’ordre alphabétique ayant ici bien fait les choses, je vous le concède… 😉 (suite…)
Du simple au complexe | Pas de commentaires
lundi, 6 janvier 2025
Bonne année… à tous les niveaux !
Traditionnellement, je saute deux semaines pour les vacances des Fêtes dans la publication de mes billets de blogue. Mais en recevant il y a deux jours par courriel les souhaits de bonne année de mon collègue et ami Rémy Guenin, illustrateur de mon livre, j’ai eu le goût de simplement vous les retransmettre à mon tour dès maintenant. C’est qu’il vise dans le mille, celui qui a produit ces dernières années plus d’une centaine de dessins pour le bouquin, en nous enjoignant de lever si possible un peu le pied sur la pédale pour l’année qui vient ! Sans rappeler les effets néfastes du stress chronique sur la santé qui seraient un peu lourds en ce début d’année (mais voir la 7e rencontre de l’ouvrage si ça vous intéresse… 😉 ), je m’en remettrai plutôt aux sages paroles de mon camarade qui écrit :
« En 2025, je vous souhaite de pouvoir prendre le temps! Le temps de revoir les gens qui comptent et de passer de beaux moments en leur compagnie; celui de prendre un pas de recul en appréciant ce qu’on a plutôt que de regretter ce qu’on n’a pas; celui de réaliser des projets sans les bâcler; celui de ne pas courir constamment comme des fous sous pression. Et enfin celui de contempler ce qu’il reste de beau autour de nous en refusant de céder à la morosité. »
Du simple au complexe | Pas de commentaires