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lundi, 20 juillet 2015
De l’utilité des vacances pour explorer deux grands modes cérébraux

Dans son éditorial du numéro de juillet-août de la revue Cerveau&Psycho intitulé « Le cerveau en vacances », Sébastien Bohler pose quelques questions classiques du début de cette saison, dont « La mer ou la montagne ? ». Dans mon cas, ce sera la Bas-du-fleuve québécois, d’où l’interruption des billets de ce blogue pour les deux prochaines semaines. Je vous encourage d’ailleurs à faire de même, votre cerveau préférant après tout la nature aux courriels et l’exercice régulier que favorise souvent les vacances étant un excellent remède contre l’anxiété.

Mais si comme moi vous avez également tendance à vous poser des questions sur les bases neurobiologiques de nos comportements même en vacances, je vous recommande ce numéro qui semble tout à fait adapté à notre dépendance… Car comme l’écrit Bohler, la véritable question, même en vacances, c’est peut-être : « Êtes-vous plutôt cortex préfrontal ou réseau par défaut ? ». On avait déjà présenté ces deux modes cérébraux en nous demandant qu’est-ce qui détermine « ce qui nous trotte dans la tête » ?

Et la conférence de Deric Bownds qui inspirait ce billet démontrait que notre cerveau se retrouve très souvent dans deux grands états mentaux qui s’opposent et sont, d’une certaine façon, mutuellement exclusifs : soit nous sommes dans le réseau du mode par défautqui nous repasse spontanément le film de ce que nous avons fait ou de ce que avons à faire dans notre vie personnelle et sociale ; ou soit nous concentrons notre attention sur une tâche cognitive précise pour la résoudre. C’est ce dernier état qui implique fortement le cortex préfrontal alors que le réseau du mode par défaut implique d’autres régions cérébrales.

Donc vacances ou pas, nous sommes toujours un peu dans l’un ou l’autre de ces deux états, comme l’expliquait aussi Jean-Philippe Lachaux dans ce blogue et comme il le précise dans le cas des vacances dans ce numéro estival de Cerveau&Psycho (voir le 2e lien ci-bas). Y’a-t-il alors un état qui est préférable à l’autre ? Comme je le résumais dans le billet autour de la conférence de Bownds :

« Chacun de ces deux grands modes ont sans doute chacun une utilité puisqu’ils se sont établis au fil de l’évolution de notre espèce. Mais les avantages que l’on peut assez clairement pressentir pour chacun se doublent d’un côté sombre quand chacun de ces modes se retrouve suractivé. Trop de contrôle empêche la spontanéité, la créativité, et l’on devient « control freak ». À l’opposé, si le réseau par défaut est propice à l’incubation créative des idées, la consolidation et la récupération de souvenirs personnels ou simplement la planification de sa journée, il existe un grand nombre d’études démontrant que c’est dans ce mode par défaut que l’on peut se perdre dans des ruminations d’idées noires de toutes sortes, ce qui bien souvent prédispose à l’anxiété, aux déficits d’attention ou la dépression. »

Comme c’est souvent le cas, tout est donc une question de dosage, un subtil équilibre entre les deux. Et peut-être que les vacances, où l’on est à la fois moins soumis aux attaques « bottom up » des courriels et autres statuts Facebook, et à la fois moins contraints de focusser notre attention sur les mêmes tâches professionnelles, est un moment propice pour « regarder aller son cerveau » et expérimenter un peu avec nos deux réseaux ? Question d’apprendre à en tirer le meilleur parti par la suite dans notre vie de tous les jours ?

Je vous souhaite donc de belles balades en nature propices à la contemplation et aux associations libres de votre réseau par défaut entrecoupées de projets passionnants, de parties d’échecs ou de méditation pour acquérir, peut-être, un peu plus contrôle « top down » grâce à votre cortex préfrontal… Bonnes vacances !

i_lien Cerveau&Psycho N° 70 – Juillet – Août 2015
i_lien Le cerveau en vacances

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