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lundi, 9 janvier 2023
Journal de bord de notre cerveau à tous les niveaux : épilogue avec Carl Sagan et un aperçu de 2023 !

Pour commencer cette année 2023, je vais « boucler la boucle » de l’aperçu des chapitres de mon livre commencé dans ce « journal de bord » il y a exactement un an, en janvier dernier. Un livre qui pourrait, si tout se passe bien, se retrouver entre vos mains également à pareille date… l’année prochaine ! J’entre donc dans l’année « sprint final » de ce gros projet commencé à la fin du printemps 2020, alors que la pandémie me faisait perdre à peu près tous mes contrats de conférences et « d’École des profs« . Après un an et demi d’écriture, alors que l’ouvrage prenait forme et que je comprenais que j’en aurais encore pour aussi longtemps à réécrire le tout, je lançais donc l’année dernière, dans la foulée du 20e anniversaire du Cerveau à tous les niveaux, ce « journal de bord » où, une fois par mois, je vous ai donné des nouvelles de l’avancement de ma révision des chapitres un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, onze et douze. Or cette mécanique céleste derrière la succession des années que l’on vient de souligner collectivement, j’y fais allusion dans l’épilogue de mon livre. C’est donc une réflexion inspirée d’un texte célèbre mais aussi de l’ensemble du parcours que l’on aura fait dans le bouquin, du Big Bang à la conscience humaine, que je vous livre aujourd’hui. Je conclurai ensuite brièvement avec un aperçu de ce qui vous attends sur ce blogue dans les mois à venir.

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Le constat qu’on se trouve dans l’univers sur un point minuscule qu’on appelle la Terre a réactivé en moi un vieil engramme mnésique enfoui dans les profondeurs de mes réseaux de neurones : celui du petit point bleu de Carl Sagan, « the pale blue dot »… Carl Sagan (1934-1996), grand vulgarisateur scientifique américain, avait écrit un superbe texte à propos de ce célèbre petit point. C’est qu’au début de l’année 1990, la sonde Voyager 1, alors qu’elle se trouvait à plus de 6 milliards de kilomètres de la Terre, et avant de dire définitivement adieu au système solaire, prend alors un cliché mémorable. On y voit un point bleu pâle, minuscule, qui passe presque inaperçu : c’est notre Terre… A propos de cette photo Carl Sagan a écrit un monologue émouvant dont je reproduis ici une traduction.

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« Regardez ce point. C’est ici. C’est notre foyer. C’est nous. Dessus se trouvent tous ceux que vous aimez, tous ceux que vous connaissez, tous ceux dont vous avez jamais entendu parler, tous les êtres humains qui aient jamais vécu. La somme de nos joies et de nos souffrances. Des milliers de religions, d’idéologies et de doctrines économiques remplies de certitudes. Tous les chasseurs et cueilleurs, tous les héros et tous les lâches, tous les créateurs et destructeurs de civilisations. Tous les rois et paysans, tous les jeunes couples d’amoureux, tous les pères, mères, enfants remplis d’espoir, inventeurs et explorateurs. Tous les moralisateurs, tous les politiciens corrompus, toutes les “superstars”, tous les “guides suprêmes”, tous les saints et pécheurs de l’histoire de notre espèce ont vécu ici… Sur ce grain de poussière suspendu dans un rayon de soleil.

La Terre est une scène minuscule dans l’immense arène cosmique. Songez aux rivières de sang déversées par tous ces généraux et empereurs afin que, nimbés de triomphe et de gloire, ils puissent devenir les maîtres temporaires d’une fraction… d’un point. Songez aux cruautés sans fin infligées par les habitants d’un recoin de ce pixel aux habitants à peine différents d’un autre recoin. Comme ils peinent à s’entendre, comme ils sont prompts à s’entretuer, comme leurs haines sont ferventes. Nos postures, notre soi-disant importance, l’illusion que nous avons quelque position privilégiée dans l’univers, sont mises en perspective par ce point de lumière pâle.

Notre planète est une poussière isolée, enveloppée dans la grande nuit cosmique. Dans notre obscurité, dans toute cette immensité, rien ne laisse présager qu’une aide viendra d’ailleurs, pour nous sauver de nous-mêmes. La Terre est jusqu’à présent le seul monde connu à abriter la vie. Il n’y a nulle part ailleurs, au moins dans un futur proche, vers où notre espèce pourrait migrer. Visiter, oui. S’installer, pas encore. Que vous le vouliez ou non, pour le moment, c’est sur Terre que nous nous trouvons.

On dit que l’astronomie incite à l’humilité et forge le caractère. Il n’y a peut-être pas de meilleure démonstration de la vanité humaine que cette lointaine image. Pour moi, cela souligne notre responsabilité de cohabiter plus fraternellement les uns avec les autres, et de préserver et chérir le point bleu pâle, la seule maison que nous ayons jamais connue. »  – Carl Sagan, Pale Blue Dot, 1994.

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Ce texte m’avait jeté en bas de ma chaise quand je l’avais lu la première fois. Sagan nous rappelait de manière éloquente que nos préoccupations, nos aspirations, nos états d’âmes et nos histoires d’amour, l’univers s’en fout pas mal, au fond. Et qu’on n’est vraiment rien à l’échelle cosmique. Mais en même temps, et c’est ce qui fait toute sa force, ce texte nous rappelle aussi que pour chaque humain, ces états de consciences partageables et partagés, c’est absolument tout pour nous ! C’est ce que l’univers a produit de plus élaboré, et on a le privilège de pouvoir y goûter un peu.

Que dire alors des milliardaires dont les multinationales détruisent les conditions même de la vie sur Terre et la santé mentale de leurs employé.es, sinon que c’est cette fabuleuse prise de conscience-là qu’ils empêchent de faire advenir ? Voilà l’une des nombreuses questions qui seront soulevées à la fin de cet ouvrage.

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Comme je l’ai évoqué au début de ce billet, je compte continuer à alimenter mon « journal de bord » durant les mois qui viennent. Les impératifs de production du bouquin, de même que les conférences que j’aurai à préparer pour « survivre » d’ici la fin de cette saga m’empêchent toutefois de prévoir avec prédiction la fréquence ou le contenu de mes futurs billets de blogue. Seront-ils entièrement inspirés du livre ou sur des sujets variés comme avant, aux semaines comme d’habitude ou plus aux deux semaines si la charge de travail est trop grande ? Je ne saurais le dire pour l’instant tellement tout ça est un « work-in-progress », comme on dit.

Chose certaine, à mesure qu’on se rapprochera d’un résultat final, vous verrez apparaître ici d’autres éléments de contenu, mais aussi éventuellement des images du livre et même des aperçus de sa forme particulière. J’ai évoqué cette dernière à quelques reprises volontairement vaguement au cours de la dernière année, mais je devrais en dévoiler certains aspects au cours des prochains mois. Tout cela aura je l’espère un côté ludique pour vous comme il en a déjà un pour moi depuis le début du projet… Cela m’amuse en particulier ici, parce que je me sens un peu comme un parent distillant les indices à leurs enfants sur le contenu des boîtes de cadeaux de Noël au pied du sapin…  J’espère juste que je parviendrai à élever votre niveau de dopamine cérébrale juste ce qu’il faut pour garder votre intérêt jusqu’à la fin de ce projet !

Je vous souhaite donc la meilleure année possible, avec de la santé, de la curiosité et de la sérénité en masse ! Ce sera, de mon côté, définitivement une grosse année…

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