lundi, 23 juin 2025
Des vieux mondes dystopiques aux utopies concrètes à la lumière de « Notre cerveaux à tous les niveaux »
L’an dernier à pareille date, avec mes collègues de chez Écosociété, j’étais à peaufiner la mise en page de mon livre quelques jours avant de l’envoyer à l’imprimerie. Durant l’été qui a suivi, ça n’avait pas vraiment arrêté de mon côté avec tout le travail sur le site web du bouquin où se trouvent entre autres la quinzaines de sections enlevées par manque d’espace et les plus de 2800 références. Puis il y eu l’inoubliable soirée de lancement de l’ouvrage et toutes les activités, salons du livre et conférences autour du livre qui se sont succédé pratiquement sans arrêt jusqu’à… aujourd’hui ! Il m’en reste une dernière, samedi prochain, au festival Virage, comme je l’annonçais la semaine dernière. Elle aura des allures de fin d’un cycle puisque cette présentation sera inspirée de la 12e et dernière rencontre du bouquin où il y a ce flashback à l’édition 2018 du… festival Virage !
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Le titre de cette présentation, qui est aussi celui de ce billet, rappelle d’abord que nous vivons depuis longtemps dans ce qu’on pourrait appeler en bon québécois un « monde de marde ». Les méfaits du capitalisme sont tels, tant du point de vue de l’environnement, de la gouvernance ou de l’aliénation collective, qu’on finit par se dire que c’est « la réalité » et qu’il faut faire avec. Mais c’est plutôt une spirale qui nous tire constamment vers le pire, les idées de droite et d’extrême droite étant de plus en plus normalisées et décomplexées dans le discours public. La dérive autoritaire du trumpisme chez nos voisins du sud en étant l’exemple le plus spectaculaire.
Si vous viviez sur une autre planète depuis quelques mois ou si vous détournez le regard de la catastrophe politique qui culmine présentement aux États-Unis (et je vous comprends…), je vous recommande la lecture de ce texte du socialiste belge Rudy Demotte intitulé « LA TYRANNIE EN MODE BÊTA. Chronique d’une démocratie en train de mourir ». Extrait :
« Et pendant ce temps : Trump éructe la rhétorique du mépris. “Newscum” (pourriture) pour désigner le Gouverneur de Californie, Gavin Newsom, “Vermin” pour les journalistes, “Poison in our blood” pour les migrants, “If they spit, we will hit”, tweeté à 00h16, le 9 juin 2025. Ce langage n’est pas outrancier. Il est structurant. Il est ce que Jason Stanley appelle la sémantique de l’épuration : remplacer le discours démocratique par le vocabulaire du dégoût. »
Ce « vocabulaire du dégoût » qu’évoque Demotte, et au cœur non seulement du trumpisme mais de toute politique politicienne de bas étage, en appelle à nos « plus bas instincts » pour détourner l’attention sur les boucs émissaires habituels. Il permet surtout de revenir à un aspect au cœur de mon bouquin : comment la compréhension de nos vieilles prédispositions biologiques (ici le sentiment de dégoût et de répulsion pour les germes et autres formes de pourritures mauvaises pour la santé) peut aider à comprendre comment certaines personnes (souvent nos mal nommées « élites ») s’en servent afin, comme toujours, de diviser pour mieux régner.
Cette approche évolutive ne résout évidemment rien comme par magie, mais elle fait surgir bien souvent des outils d’autodéfense intellectuel qui peuvent être fort utile dans ce tourbillon chaotique d’absence de sens savamment entretenu par tous les Trump de ce monde. Des outils qui aident aussi à constituer d’autres récits que cet american dream dystopique. Et c’est de ce « coffre à outil » mental dont j’aimerais vous parler samedi matin prochain, à 9h, à Petit Saguenay. Je terminerai donc simplement en vous recopiant ici l’essentiel de la description de cette présentation qui apparaît dans la section « horaire » du site web du festival Virage.
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« […] les liens entre le contenu neuroscientifique [du livre] (la façon dont on pense aujourd’hui les rapports intimes entre corps, cerveau et environnement) et l’impératif d’une transition écologique et décroissanciste radicale n’apparaît peut-être pas évidents pour tout le monde. En m’inspirant de la dernière rencontre du livre basée sur un flashback à l’édition 2018 du festival Virage, j’essaierai donc de montrer que ces liens sont nombreux et fondamentaux, du moins pour moi !
Seront ainsi mis en lumière plusieurs « points aveugles » qui nous maintiennent dans le système économique actuel et ne rendent pas les choses faciles même aux gens les plus progressistes. Et c’est là où des questions comme les suivantes ne sont peut-être pas étrangères à ces blocages classiques. À quoi sert un cerveau, à la base ? Qu’est-ce qu’une habitude ? Quel accès avons-nous vraiment aux motivations qui nous poussent à l’action ? Qu’est-ce qu’une émotion et pourquoi elles teintent le moindre de nos raisonnements ? Comment le langage symbolique change tout dans notre façon de fonctionner socialement, mais rien à notre vieille physiologie sous-jacente ?
On débouche alors sur une conception résolument incarnée et située de notre cognition où l’environnement dans lequel on baigne pénètre en nous à notre insu beaucoup plus qu’on pense. Et peut nous tirer autant vers le pire ou le meilleur à cause de notre long développement et la grande plasticité de notre cerveau. On arrive ainsi à une conception de l’être humain qui tourne (enfin!) résolument le dos à toutes formes de dualisme, que ce soit sujet / objet, cerveau / corps, émotion / raison ou nature / culture. La personne humaine pouvant être vue comme un système dynamique complexe qui « n’exploite plus des ressources » mais fait partie intégrante du monde vivant et symbolique qu’elle fait émerger en partageant sa subjectivité avec celle des autres. À partir de là, il me semble que certaines choses redeviennent possibles… »
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Après cette 7e édition de Virage, je crois que je vais prendre un véritable petit virage sur la route des vacances dans les semaines qui vont suivre, question de profiter pleinement des bienfaits de la nature, contrairement aux derniers étés où je m’amusais plus à trouver des références sur les études qui le prouvent… Mais chassez le naturel et il revient au galop, alors on va se revoir ici vers la mi-juillet pour parler de la 5e rencontre du club de lecture de mon livre qui aura lieu le mardi 29 juillet au mont Royal qui deviendra pour l’occasion un modèle géant de votre cerveau, comme dans le bouquin ! Car, autre expression proverbiale de circonstance, pourquoi ne pas joindre l’utile (découvrir les grands réseaux cérébraux) à l’agréable (le faire dans l’esprit d’une randonnée estivale et conviviale) ? 😉
Le bricolage de l'évolution | Pas de commentaires
lundi, 16 juin 2025
Clubs de lecture estivaux et une annonce à propos du festival Virage
C’est bientôt l’été et l’occasion de pouvoir lever le pied un peu, ce que je souhaite à tout le monde. Mais si pour vous comme pour moi les nombreuses occasions qu’offre la belle saison d’être davantage en contact avec la nature ne veulent pas nécessairement dire tirer complètement la plogue sur le plaisir de réfléchir sur notre place dans ce monde à la fois magnifique, mystérieux et, malheureusement à bien des égards, décadent, je vous propose cette semaine trois occasion de se croiser durant les vacances qui s’en viennent pour faire vibrer nos neurones ensemble ! (suite…)
Au coeur de la mémoire | Pas de commentaires
lundi, 9 juin 2025
Un 4e club de lecture qui plonge au coeur de nos mécanismes d’apprentissage et de mémoire
Il vous est sans doute déjà arrivé de vous remémorer un vieux souvenir auquel vous n’aviez pas pensé depuis des années voir des décennies. Comment cela est-ce possible ? Où se cachaient les traces de cet événement dans votre cerveau durant tout ce temps ? Dans mon livre « Notre cerveau à tous les niveaux », la 4e rencontre avec mon ami Yvon s’ouvre ainsi à propos d’une ancienne salle de cinéma sur la rue St-Laurent, à Montréal. Yvon est convaincu qu’il m’avait invité à y voir un certain film il y a 30 ans, mais moi j’ai beau chercher, je ne m’en souviens pas. Qu’est-ce qui a bien pu se passer dans nos cerveaux respectifs pour que l’un se rappelle de cette soirée et pas l’autre ? À moins qu’il y ait, dans ce cas-ci, une autre explication ? Les personnes qui sont rendues plus loin dans le bouquin en ont peut-être une petite idée… Quoi qu’il en soit, ce sont de tous ces phénomènes autour de l’apprentissage et de la mémoire dont on va discuter lors du 4e club de lecture du livre qui aura lieu lundi soir prochain le 16 juin dès 19h à la Cité-des-hospitalières, 251 avenue des Pins Ouest, à Montréal (1er étage, salle de communauté). (suite…)
Au coeur de la mémoire | Pas de commentaires
mercredi, 4 juin 2025
Conférence au colloque de l’Association des professeur.es de psychologie du réseau collégial du Québec
Je n’ai pas pu publier de billet lundi parce que je finalisais une présentation de 2h30 qu’on m’avait invité à faire mardi matin au colloque annuel de l’Association des professeur.es de psychologie du réseau collégial du Québec. Pour compenser cette absence (et prouver mes dires !), je me contenterai cette semaine de vous donner le lien vers le pdf de cette conférence inspirée, eh oui encore une fois, de mon livre !
Ah et puis tiens, en guise de « teaser » je vous copie-colle un passage plus écrit de cette présentation qui introduisait la 7e rencontre du livre, celle sur les émotions qui en pose les bases évolutives lointaines en partant d’une petite bactérie qui remonte un gradient de sucrose… (suite…)
Du simple au complexe, Que d'émotions! | Pas de commentaires
lundi, 26 mai 2025
Ce qu’évoque l’aphantasie et le stoïcisme à un neurobiologiste!
On dit souvent que la contrainte est la mère de la créativité, et ce n’est pas faux. Que ce soit des contraintes qui viennent de l’extérieur ou qu’on se donne soi-même, au-delà de son côté limitant, une contrainte est déjà un début de structure. Et quand on écrit, c’est déjà bien mieux que le vide de la page blanche ! C’est ainsi que j’ai eu l’idée ce matin de prendre les trois articles que m’a envoyé mon paternel de recherchiste (qui, à 91 ans, continue de me faire partager régulièrement sa revue de presse quotidienne) pour essayer d’y ajouter ma petite touche neurobiologique. Le lien sera évident avec l’article portant sur l’aphantasie, cette incapacité étrange à générer des images mentales. J’en trouverai sans trop de problème aussi pour celui sur les pensées récurrentes, ces ruminations que l’on associe à notre système de pensée plus « délibératif », par opposition à l’autre qui serait plus automatique et inconscient. Et je crois même pouvoir faire quelques rapprochements avec le dernier article sur le stoïcisme et nos mécanismes de régulation impliquant le cortex préfrontal ! (suite…)
De la pensée au langage | Pas de commentaires