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lundi, 3 mai 2021
La méditation « pleine conscience » à l’école améliore l’attention

Beaucoup de nos jeunes ont de la difficulté à se concentrer sur une tâche pour la mener à bien. Quand on sait que la seule présence de votre téléphone cellulaire près de vous peut affecter vous capacités cognitives, on a là peut-être un indice sur ce qui peut contribuer à ce manque d’attention. Mais le cerveau humain, en particulier celui des jeunes, est très plastique. Et une étude publiée en septembre dernier dans la revue Human Brain Mapping semble le prouver une fois de plus en montrant qu’un entraînement de 8 semaines à la méditation « pleine conscience » (« mindfulness », en anglais) améliore les capacités d’attention et de contrôle cognitif en général des jeunes de sixième année.

L’étude menée par Clemens C. C. Bauer partait du constat que deux grands réseaux cérébraux pourraient être impliqués dans l’affaire. D’abord le réseau central du contrôle exécutif, ou « central executive network » (CEN) en anglais (aussi appelé frontoparietal network), dont l’activité augmente lors d’une tâche qui demande une attention soutenue. Et le réseau du mode par défaut, ou « default mode network » (DMN), dont l’activité augmente plutôt quand on se laisse aller à nos pensées ou qu’on est dans la lune. D’où leur hypothèse qu’une corrélation négative marquée entre les deux serait favorable à l’attention soutenue.

Pour tester cette hypothèse, ils ont pris 31 élèves de 11 ans qu’ils ont assignés au hasard soit à un cours de 8 semaines en méditation pleine conscience, soit à un cours de 8 semaines en programmation informatique, ce qui constituait le groupe contrôle. Avant et après leur cours, les enfants passaient un test permettant d’évaluer leur niveau d’attention ainsi qu’un scan permettant d’observer le niveau d’activation dans les deux réseaux cérébraux précédemment cités.

Les résultats montrent qu’après les 8 semaines de cours, les enfants qui ont fait de la méditation ont eu de meilleurs résultats au test d’attention que le groupe contrôle, alors qu’il n’y avait pas de différences entre les deux groupes avant les 8 semaines de cours.

On a aussi comparé, pour chaque élève après les 8 semaines de cours, les résultats obtenus au test d’attention avec leur scan. Ceux qui avait démontré plus de précision dans le test avaient une plus forte corrélation négative entre le CEN et le DMN. De plus, ce qui venait confirmer l’hypothèse de départ, cette corrélation négative entre les niveaux d’activation des deux réseaux cérébraux était globalement plus importante dans le groupe de méditation que dans le groupe contrôle.

Il est intéressant de noter aussi que d’autres études avaient déjà montré que chez les enfants plus jeunes, la corrélation entre le CEN et le DMN était plutôt positive. D’où l’idée que la maturation progressive de la relation entre ces deux réseaux cérébraux irait vers une corrélation de plus en plus négative associée à un meilleur contrôle cognitif.

Par ailleurs, ces résultats ne sont pas sans intérêt pour une autre raison : un meilleur contrôle cognitif réduit les comportements à risque chez l’adolescent ainsi que les troubles mentaux, la mortalité et les crimes, tout en étant associé au succès académique et professionnel.

J’avais déjà traité, dans un billet de ce blogue, d’une corrélation négative semblable entre le DMN et un réseau attentionnel proche du CEN. J’écrivais alors que dans la vie de tous les jours, il semble que nous soyons enclins soit à réagir un peu passivement à notre environnement en orientant notre discours intérieur vers ce qui est simplement le plus saillant dans cet environnement. Mais que nous avions aussi la possibilité de porter notre attention sur ce que nous jugeons plus important ou significatif pour nous. Et les études montraient alors déjà, en 2014, que certaines pratiques comme la méditation pouvaient infléchir la balance entre les deux modes vers une plus grande prise en charge par le mode attentionnel. Autrement dit, nous fournir les outils mentaux pour résister aux sollicitations constantes des médias sociaux ou aux bombardements publicitaires qui nous assaillent quotidiennement. Alors à quand des cours de méditation dans toutes les écoles pour contrer les effets néfastes des téléphones cellulaires sur l’attention ?

Le corps en mouvement | Comments Closed


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