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lundi, 30 mars 2020
Fermeture des ateliers de vélo : Legault devrait se raviser pour notre santé immunitaire

[ MISE À JOUR, 01/04/2020 : Le gouvernement Legault a fait volte-face et ajoute aujourd’hui les ateliers de réparation de vélo aux services essentiels au Québec durant la pandémie de COVID-19 ! Et comme le montre ce communiqué officiel, ce n’est pas un poisson d’avril… ]

Deux sujets en lien avec la pandémie cette semaine (quoi d’autre !). Le premier est une bonne nouvelle concernant les cours de l’UPop Montréal présentement suspendus, dont «Notre cerveau à tous les niveaux» que j’ai le plaisir d’offrir. Tout n’est pas encore officialisé, mais suite à une rencontre du collectif qui coordonne les activités de l’UPop, plusieurs cours seront soit reportés à la session d’automne, soit disponibles en lignes prochainement. Et je peux déjà vous confirmer que ce sera le cas de mon cours que je donnerai d’ici quelques semaines de manière virtuelle à l’aide de la plateforme Zoom. Donc restez à l’écoute et je vous confirme la date de la prochaine séance (la 8e sur 10) ici et sur le site de l’UPop dès qu’elle sera déterminée.

Le second sujet est une pas mal moins bonne nouvelle, du moins en l’état actuel des choses. J’apprenais en effet ce matin dans le journal Le Devoir, sous la plume de la journaliste Annabelle Caillou, que :

« Le vélo a la cote, ces temps-ci, auprès des Québécois inquiets à l’idée d’attraper la COVID-19 en prenant le taxi ou les transports collectifs. Le gouvernement Legault n’a pourtant pas jugé bon de considérer les ateliers de réparation de vélos comme un service essentiel, ce qui pourrait mettre des bâtons dans les roues des cyclistes. »

Les ateliers de réparation de vélos sont donc actuellement fermés au Québec alors que les garages pour les voitures, eux, peuvent être ouverts. Il y a là un deux poids deux mesures qui m’a fait sursauter, et pour plusieurs raisons, dont une très troublante, de nature immunologique, que je garde pour la fin.

Cette décision apparaît d’abord bien mauvaise, comme plusieurs l’ont souligné, dans une grande ville comme Montréal où de nombreuses personnes n’ont pas de voiture et font du vélo, justement à partir de ce temps-ci de l’année, leur moyen de transport principal.

Comme le disait aussi Suzanne Lareau, directrice générale de Vélo Québec :

« M. Legault nous dit de garder nos distances, de faire de l’activité physique et de prendre l’air. En vélo, on peut garder facilement une distance physique, ça permet de rester actif et de se déplacer tout en s’aérant l’esprit. Tout ce qu’on demande. Et puisque les rues se sont vidées de leurs voitures, il n’a jamais été aussi sécuritaire de rouler à vélo dans Montréal ».

Considérant tout cela, comment le gouvernement peut-il priver ainsi la population d’un soutien technique qui permettrait à plusieurs de rendre leur vélo fonctionnel pour se déplacer avec un risque de contamination à peu près nul ? Dans un encadré associé au même article, on apprenait en plus, comble d’ironie, que les vélos BIXI en libre-service seront disponibles à partir du 15 avril et qu’ils se retrouvent, eux, dans la liste des services essentiels du gouvernement ! Et ce, même si, de l’avis même de l’avis même de l’organisme, il faudra mettre en place des procédures de désinfection spéciales entre les utilisations puisqu’il s’agit de vélos partagés par plusieurs personnes dans une même journée. Un problème qui bien sûr ne se pose pas quand on a son propre vélo… mais qu’on peut le faire réparer pour qu’il roule !

Un article intitulé Contre le coronavirus, les Allemands pédalent, de l’excellent média indépendant Reporterre, nous apprenait aussi la semaine dernière que :

« depuis le début de la crise, les autorités allemandes encouragent la pratique… du vélo. Le ministre fédéral de la Santé, Jens Spahn, appelle les Allemands « à marcher ou prendre le vélo plutôt que les transports en commun » ».

Le porte-parole de la fédération des pneumologues d’Allemagne, Michael Barczok, affirme en effet que :

« le vélo a tout bon car il permet de se protéger et de protéger les autres : il maintient à distance et évite d’être contaminé en touchant des surfaces sur lesquelles le coronavirus pourrait survivre plusieurs jours comme les barres du bus ou du métro. [De plus, le vélo] permet au système respiratoire d’être bien ventilé et mieux alimenté en sang ».

Même dans l’Ontario de Doug Ford, les boutiques de réparation de vélos sont considérées comme un service essentiel ! Comment alors interpréter cette décision du gouvernement Legault ? C’est certain qu’on peut ici se rappeler que c’est ce même gouvernement qui fait la promotion d’un tunnel autoroutier, le fameux « 3e lien », entre la ville de Québec et sa banlieue sud. Un gaspillage pharaonesque qui va à l’encontre de tout ce que les experts nous expliquent en termes de mobilité durable et d’émissions de gaz à effet de serre.

Mais ce gouvernement semblait pourtant faire preuve d’une approche plutôt raisonnée dans sa gestion de crise jusqu’ici, s’en remettant curieusement dans ce dossier-ci à l’avis des experts en santé publique. Ceux-ci semblent donc avoir une influence considérable présentement sur le gouvernement du Québec. Ce sera donc à eux que je m’adresse en terminant cet article. Et dans un langage qu’ils connaissent bien, celui de la science et de la médecine.

Car il y a une autre raison, plus grave encore, d’empêcher des gens de faire du vélo, et c’est réduire l’efficacité de leur système immunitaire ! Et franchement, je m’explique très mal que les instances de la santé publique aient laissé passer ça. Je veux bien croire qu’une forte proportion de l’électorat de la CAQ se déplace en voiture et que Legault n’a peut-être pas eu le « réflexe » de penser aux bienfaits du vélo pour la santé, mais les autorités de la santé publique ne peuvent pas ignorer le lien entre santé immunitaire et exercice modéré quotidien (ce que procure la pratique du vélo utilitaire pour faire les courses, par exemple).

En effet, cela fait des décennies que des études sont publiées sur les effets bénéfiques de l’exercice sur la santé en général et celle du système immunitaire en particulier. Par exemple cet article, publiée en mai dernier dans le Journal of Sport and Health Science, et intitulée The compelling link between physical activity and the body’s defense system. Il passe en revue plus d’un siècle d’études démontrant les effets bénéfiques de l’activité physique sur le système immunitaire (un sujet également souvent abordé dans ce blogue, dont ici sur les effets bénéfiques directs de la pratique du vélo sur le système immunitaire).

Et toutes pointent dans la même direction : faire un exercice modéré et régulier favorise nos défenses immunitaires, certaines ajoutant que cela pourrait même nous protéger des infections des voies respiratoires supérieures, ce qui n’est pas inintéressant dans le cas de la COVID-19. Comme d’ailleurs le fait que l’exercice régulier en général améliore également la régulation des fonctions immunitaires chez les personnes âgées, retardant ainsi le moment où elles deviennent plus à risque de contracter la COVID-19.

Une autre, publiée en 2012, précisait même que l’exercice régulier, comme la pratique quotidienne du vélo, augmentait chez les personnes âgées leur réponse aux vaccins, en plus d’augmenter l’efficacité de deux sortes de cellules immunitaire (les « cellules T » et les « cellules tueuses »). Une étude publiée en 2005 avait même démontrée que l’exercice modéré chez la souris diminuait de façon significative leur mortalité suite à l’inoculation du virus de l’influenza.

Je suis certain que les experts en santé publique qui conseillent actuellement le gouvernement du Québec comprennent très bien la portée de ces études et l’importance de faire actuellement la promotion active de l’utilisation du vélo comme moyen de transport, comme d’autres experts l’ont rappelé récemment dans le New-York Times. Peut-on leur demander alors de rectifier le tir et d’inclure dans les services essentiels ouverts ce chaînon essentiel de l’utilisation utilitaire du vélo que sont les ateliers de réparation ?

Je ne demande pas souvent explicitement de diffuser les billets de ce blogue mais cette fois-ci, comme il s’agit d’un enjeu important de santé publique relié à une pandémie mondiale, si vous avez des contacts avec des gens en santé publique, merci de leur faire suivre ce lien.

Merci aussi de garder non seulement une distance physique entre vous, mais un esprit critique et une solidarité sociale à travers tout ça !

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