Après nous avoir appuyés pendant plus de dix ans, des resserrements budgétaires ont forcé l'INSMT à interrompre le financement du Cerveau à tous les niveaux le 31 mars 2013.

Malgré nos efforts (et malgré la reconnaissance de notre travail par les organismes approchés), nous ne sommes pas parvenus à trouver de nouvelles sources de financement. Nous nous voyons contraints de nous en remettre aux dons de nos lecteurs et lectrices pour continuer de mettre à jour et d'alimenter en contenu le blogue et le site.

Soyez assurés que nous faisons le maximum pour poursuivre notre mission de vulgarisation des neurosciences dans l'esprit premier d'internet, c'est-à-dire dans un souci de partage de l'information, gratuit et sans publicité.

En vous remerciant chaleureusement de votre soutien, qu'il soit moral ou monétaire,

Bruno Dubuc, Patrick Robert, Denis Paquet et Al Daigen






lundi, 16 mars 2020
Ces très petits êtres qui bouleversent nos vies

Comme l’annonçait l’UPop Montréal hier sur son site web :

« En raison de la pandémie de COVID-19 et des mesures de prévention qu’elle impose, toutes les activités de l’UPop sont suspendues pour une période indéterminée. Nous allons tenter de reporter le plus de séances possibles à des dates ultérieures, selon la disponibilité des professeurs et des salles. Les dates de ces reports vous seront transmises par nos différents canaux de communication dès qu’elles seront connues. »

La séance du cours «Notre cerveau à tous les niveaux» annoncée dans mon dernier billet pour ce mercredi le 18 mars au café Les Oubliettes est donc reportée à une date ultérieure qui vous sera transmise ici et sur le site de l’UPop dès qu’il sera possible de le faire. En attendant, si vous avez manqué l’une des sept séances déjà, vous pouvez faire du rattrapage « dans le confort sécuritaire de votre foyer » en écoutant les vidéos Facebook Live qui avaient été enregistrés lors de ces séances et qui sont disponibles ici pour la session d’automne et là pour les deux séances données à date à la session d’hiver.

* * *

Je ne suis pas microbiologiste, et encore moins virologue, mais j’ai inévitablement vu passer durant la dernière semaine des bons articles de vulgarisation sur la question et j’aimerais les partager avec vous.

Il y a d’abord cet article de Boucar Diouf qui, informé par le virologue canadien Curtis Suttle.de l’Université de Colombie-Britannique, nous rappelle l’infini petitesse des virus et leur nombre astronomique :

« Si chaque virus contenu dans un corps humain était agrandi pour atteindre la taille d’une tête d’épingle, un adulte moyen mesurerait 150 kilomètres de hauteur. Et si on mettait bout à bout l’ensemble des virus qui se trouvent dans la biosphère, le chapelet s’étendrait sur une distance de 100 millions d’années-lumière, soit 1000 fois la largeur estimée de la Voie lactée. […] Comme les virus biosphériques sont aussi aéroportés, planent au-dessus de nous et retombent, il se dépose quotidiennement environ 800 millions de virus sur chaque mètre carré de surface terrestre. Autrement dit, nous habitons une planète sur laquelle il pleut constamment des virus. »

Plus loin, il évoque la caractéristique de base des virus qui cause des maux de tête depuis toujours aux biologistes :

« Le virus véritable est une entité biologique que certains scientifiques ont de la difficulté à considérer comme un être vivant stricto sensu, parce qu’incapable de se reproduire par ses propres moyens. Aussi, pendant qu’une bactérie a tout l’outillage interne nécessaire pour sa reproduction, le virus qui veut se multiplier a besoin de pirater la machinerie d’une autre cellule. »

Sur la difficile question de trancher si les virus sont des organismes vivants ou pas, je vous signale à mon tour ce qu’en pense un des spécialistes qui travaillent sur les origines de la vie, le philosophe Christophe Malaterre. J’avais exposé l’approche de « signature du vivant » qu’il avait mentionnée dans une de ses conférences à laquelle j’avais assisté. Celle-ci permet d’attribuer aux virus, prions, ribosymes et compagnie un certain « degré de vie » en fonction de différents critères qu’on attribue généralement au vivant. Les représentations graphiques que je reproduisais dans cette conférence des pages 77 à 80 permettent de saisir en un coup d’œil cette approche éclairante permettant de sortir de la dichotomie restrictive du vivant ou du non vivant.

* * *

Et puis il y a cet article de fond de Thomas Pueyo qui a été vu plus de 28 millions de fois depuis une semaine. Intitulé Coronavirus: Why You Must Act Now, il s’adresse directement aux politiciens et autres dirigeants pour les inciter à agir, et vite. Je vous colle simplement le « take home message » que Pueyo annonce dès le début de ce texte fouillé et convaincant :

“When you’re done reading the article, this is what you’ll take away:

The coronavirus is coming to you.
It’s coming at an exponential speed: gradually, and then suddenly.
It’s a matter of days. Maybe a week or two.
When it does, your healthcare system will be overwhelmed.
Your fellow citizens will be treated in the hallways.
Exhausted healthcare workers will break down. Some will die.
They will have to decide which patient gets the oxygen and which one dies.
The only way to prevent this is social distancing today. Not tomorrow. Today.
That means keeping as many people home as possible, starting now.

As a politician, community leader or business leader, you have the power and the responsibility to prevent this.”

Sachant cela, force est d’admettre par exemple que le premier ministre du Québec, François Legault, qui a réagi promptement face à cette crise, n’a fait que son travail basé sur les données scientifiques disponibles. On peut aussi regretter qu’il ne démontre pas autant de ce « génie politique » que certain.es lui ont attribué devant les défis de la crise environnementale en continuant d’appuyer des projets comme le tunnel sous-marin du 3e lien à Québec ou le projet de liquéfaction du gaz naturel GNL au Saguenay. Quant à la lenteur du gouvernement fédéral de Justin Trudeau dans ce dossier, elle n’augure rien de bon pour la suite des choses au pays. Mais c’est sans doute peu dire de ce qui attend nos voisins du sud entre les mains de Donald Trump…

* * *

Comme je suis un éternel optimiste, je ne voudrais quand même pas vous laisser sur cette dernière image par trop funeste. En plus, je me suis dit que la moindre des choses serait quand même de laisser un peu la parole à celui dont tout le monde parle depuis des semaines : le coronavirus lui-même ! Ça tombe bien parce que le collectif du journal Le lundi matin publie aujourd’hui même ce « Monologue du virus » ! Et que nous dit-il en substance ? Qui il « venu mettre à l’arrêt la machine dont vous ne trouviez pas le frein d’urgence. » Autrement dit, c’est une charge bien lucide contre le système productiviste mondial où l’on assène constamment aux populations des mesures d’austérités qui affaiblissent les acquis sociaux, notamment dans le système de santé qui devra faire face avec des moyens souvent plus que limités à la crise sanitaire annoncée. Pour le dire dans les mots du virus :

« Mais surtout, cessez de dire que c’est moi qui vous tue. Vous ne mourez pas de mon action sur vos tissus, mais de l’absence de soin de vos semblables. Si vous n’aviez pas été aussi rapaces entre vous que vous l’avez été avec tout ce qui vit sur cette planète, vous auriez encore assez de lits, d’infirmières et de respirateurs pour survivre aux dégâts que je pratique dans vos poumons. Si vous ne stockiez vos vieux dans des mouroirs et vos valides dans des clapiers de béton armé, vous n’en seriez pas là. Si vous n’aviez pas changé toute l’étendue hier encore luxuriante, chaotique, infiniment peuplée du monde ou plutôt des mondes en un vaste désert pour la monoculture du Même et du Plus, je n’aurais pu m’élancer à la conquête planétaire de vos gorges. »

En terminant, je vous signale que cet excellent journal et site web, qui cherche « à produire […]  de l’intelligence collective, une perception partagée du monde qui nous entoure », est en campagne de financement

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