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mardi, 4 septembre 2018
Est-ce que mieux comprendre comment fonctionne notre «corps-cerveau» peut aider à améliorer le monde ?

Bien que la chaleur accablante (32 degrés Celsius prévu demain à Montréal dans les prévisions météo) rend difficile de croire que l’été est déjà derrière nous, c’est bel et bien le cas ! Mais pour ce billet qui marque la rentrée automnale, je garderai un pied dans l’été puisque je vous présente le texte d’une présentation donnée à la fin du mois de juin dernier au Festival Virage de Sainte-Rose-du-Nord, dans la belle région québécoise du fjord du Saguenay. Il s’agissait de la 4e édition de cette formidable rencontre où conférences et ateliers sur la transition écologique et l’après-capitalisme sont tout aussi à l’honneur le jour que les spectacles de musique le soir.

J’en avais déjà parlé sur Éloge de la suite, mon site web consacré à la vie et l’œuvre d’Henri Laborit, puisque l’esprit de ce festival m’a rappelé celui d’un de mes livres préférés Laborit : « La société informationnelle. Idées pour l’autogestion ». J’avais d’ailleurs intitulé ma présentation, de manière un peu provocatrice à la Laborit, « Est-ce que mieux comprendre comment fonctionne notre « corps-cerveau » peut aider à améliorer le monde ? ». Comme le festival Virage était entièrement « low-tech » cette année (pas d’électricité sur le site) j’ai été obligé de délaisser mon traditionnel Power Point et j’avais écrit ma conférence pour essayer de ne pas trop me perdre en route (mais comme d’habitude, j’ai fait digression sur digression…).

J’ai profité de l’été pour inclure quelques images dans ce texte et c’est cette version illustrée que je vous propose ici cette semaine. En une trentaine de pages, j’essaie donc de répondre à la grande question de mon titre. Le résultat ne peut donc qu’être partiel et partial. Et si vous vous sentez un peu découragé à la fin devant la complexité des questions soulevées, la gravité de la situation écologique et la difficulté d’y apporter les grands changements nécessaires, je vous laisse avec ce dernier paragraphe du magistral ouvrage de Robert Sapolsky, Behave: The Biology of Humans at Our Best and Worst, que j’ai lu cet été et que je vous recommande :

« Eventually it can seem hopless that you can actually fix something, can make things better. But we have no choice but to try. And if you are reading this, you are probably ideally suited to do so. You’ve amply proven you have intellectual tenacity. You probably also have running water, a home, adequate calories, and low odds of festering with a bad parasitic disease. You probably don’t have to worry about Ebola virus, warlords, or being invisible in your world. And you’ve been educated. In other words, you’re one of the lucky humans. So try.”

– Robert Sapolsky, Behave (2017)

* * *

Et pour mettre un peu de chair autour de l’os, voici un résumé de cette présentation grand public intitulée « Est-ce que mieux comprendre comment fonctionne notre « corps-cerveau » peut aider à améliorer le monde ? »

De la molécule à la pensée humaine, le système nerveux est constitué de multiples niveaux d’organisation. Or ce sont les interactions de ces différents systèmes nerveux qui constituent ce qu’on appelle nos cultures et nos institutions sociales. Pourtant on étudie souvent, à l’intérieur de ce qu’il est convenu d’appeler les « sciences humaines », ces interactions sans trop se soucier de ce qu’il y a « sous le capot » et qui fait que nous sommes justement humains.

Car d’où vient notre cerveau ? De quoi est-il fait ? À quoi sert-il ? Que fait-il ? Ne serait-il pas utile de considérer au moins quelques pistes de réponse pour ces questions pour mieux comprendre les phénomènes sociaux. Il y eu longtemps une coupure, justifiée ou pas, entre les sciences humaines et ce que l’on appelle aujourd’hui les sciences cognitives. Or depuis quelques décennies, ces dernières font l’effort d’une réelle transdisciplinarité qui débouche naturellement au niveau social.

Cette présentation voudrait évoquer, à travers une perspective évolutive, cette croissance de la complexité du niveau moléculaire au niveau social. Montrer aussi que le passage d’un niveau à un autre s’accompagne toujours de nouveaux phénomènes émergeants dont on doit tenir compte pour comprendre le niveau suivant. Elle voudrait enfin proposer que le niveau individuel et le niveau social sont si intriqués qu’il faudrait davantage parler d’un « cerveau-corps-environnement » plutôt que de considérer les trois séparément, comme on l’enseigne encore trop souvent aujourd’hui.

Qu’est-ce que cela peut vouloir dire quand on parle de «changer le monde»? Bien sûr il faut le changer ce monde injuste et, à bien des égards, d’une barbarie sans nom. Mais si on ne tient pas compte de la façon dont les systèmes nerveux qui le constituent ont peur, se mettent en colère, aiment ou désirent, manipulent les autres ou se soumettent à eux, on se coupe sans doute d’une compréhension qui pourrait amener plus d’efficacité dans nos actions.

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