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lundi, 22 juillet 2013
Daniel Wegner : un apport scientifique difficile à oublier

Le nom de Daniel Wegner restera pour plusieurs associé à l’image d’un ours polaire. Ce pionnier de la psychologie sociale avait en effet utilisé l’image de cette bête pour montrer à quel point il nous est difficile de supprimer une pensée si l’on nous demande simplement de ne pas y penser !

Wegner est décédé le 5 juillet 2013 à l’âge de 65 ans des suites de la sclérose latérale amyotrophique (SLA), maladie caractérisée par une dégénérescence des neurones moteurs de la moelle épinière. Il fut aussitôt salué par la communauté scientifique comme l’un des penseurs les plus originaux de son domaine. Son ami le psychologue Daniel Gilbert rappela les nombreux changements de paradigme qu’il a provoqué dans sa discipline, « voyant des portes où tout le monde ne voyait que des murs, et dévoilant les pièces derrière ces portes ».

Ses travaux ont transformé plusieurs questions au cœur même de l’expérience humaine. Il a par exemple proposé le concept de mémoire transactionnelle en 1985 pour désigner cette forme de mémoire partagée entre différents individus d’un groupe. On pense à la simple spécialisation des compétences dans un couple ou dans une famille où c’est par exemple spontanément à l’ado qu’on demande de régler les problèmes informatiques. Un groupe qui connaît « qui est bon.ne en quoi » possède ainsi un atout en pouvant se référer ou déléguer un problème rencontré à ce membre du groupe.

Wegner a aussi beaucoup ébranlé le sentiment que nous avons d’être responsables de nos actions, proposant que c’était probablement davantage le fruit d’une attribution a posteriori, une impression consciente construite après l’action. Cette « théorie des causes mentales apparentes » s’appuie sur des expériences où il a pu distinguer au moins trois grands principes permettant de modifier cette impression subjective d’être le sujet à l’origine de nos actions : la cohérnece, l’exclusivité et la priorité. En caricaturant un peu, on peut dire que si une pensée a rapport avec une action, si elle survient juste avant cette action, et s’il ne semble pas y avoir d’autres causes extérieures à son origine, alors nous avons une forte impression d’être l’auteur responsable de cette action.

Tout cela a bien entendu des conséquences directes sur la notion de libre arbitre puisque Wegner a montré la relative facilité avec laquelle on peut jouer sur ces paramètres pour modifier cette impression d’action volontaire. Pour lui, cela montre que dans notre vie de tous les jours, nos actions sont beaucoup moins choisies par des processus libres et conscients que nous pensons. Tant l’intention que le comportement sont bien plus le fruit de processus inconscients, affirmait ce chercheur au sens de l’humour légendaire, « cet endroit où l’intelligence et la joie se rencontrent » pour reprendre les termes de Daniel Gilbert.

i_rec Daniel Wegner, 65; psychologist studied life’s obsessions
i_rec Daniel M. Wegner famous for “thought suppression”
i_rec In Memoriam: Dan Wegner
a_rec Daniel M. Wegner

Au coeur de la mémoire | Comments Closed


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