Après nous avoir appuyés pendant plus de dix ans, des resserrements budgétaires ont forcé l'INSMT à interrompre le financement du Cerveau à tous les niveaux le 31 mars 2013.

Malgré nos efforts (et malgré la reconnaissance de notre travail par les organismes approchés), nous ne sommes pas parvenus à trouver de nouvelles sources de financement. Nous nous voyons contraints de nous en remettre aux dons de nos lecteurs et lectrices pour continuer de mettre à jour et d'alimenter en contenu le blogue et le site.

Soyez assurés que nous faisons le maximum pour poursuivre notre mission de vulgarisation des neurosciences dans l'esprit premier d'internet, c'est-à-dire dans un souci de partage de l'information, gratuit et sans publicité.

En vous remerciant chaleureusement de votre soutien, qu'il soit moral ou monétaire,

Bruno Dubuc, Patrick Robert, Denis Paquet et Al Daigen






lundi, 15 juillet 2013
L’exercice régulier : un remède contre l’anxiété

L’été est souvent une période de l’année où l’on bouge davantage et c’est d’ailleurs une excellente idée. Car ceux et celles qui font de l’exercice régulièrement le savent d’expérience, et de nombreuses études le confirment chez l’humain : être actif physiquement est l’un des moyens les plus efficaces pour combattre l’anxiété.

Mais pourquoi en est-il ainsi ? Il faut d’abord rappeler l’existence d’un phénomène assez remarquable que l’on croyait impossible il y a 20 ans à peine : de nouveaux neurones (en brun sur l’image ci-haut) naissent dans certaines régions du cerveau, comme l’hippocampe. En fait, ces nouveaux neurones se différencient à partir de cellules souches, un phénomène qui reçut le nom de neurogenèse cérébrale chez l’adulte.

Or on sait aussi que l’exercice régulier favorise la neurogenèse. Ces jeunes neurones étant très excitables par toutes sortes de stimuli, on se retrouvait donc devant des observations en apparence contradictoires où l’exercice génère à la fois les conditions neuronales qui nous mettent sur le qui-vive et cette impression subjective de calme apportée par la pratique sportive régulière.

C’est ce paradoxe qu’Elizabeth Gould et son équipe viennent d’élucider dans un article publié en mai 2013 dans The Journal of Neuroscience. La clé de l’énigme résidait dans le type de ces nouveaux neurones produits en plus grandes quantité dans la partie ventrale de l’hippocampe (celle qui est davantage impliquée dans les émotions, appelée gyrus dentelé).

En comparant l’hippocampe d’un groupe de souris actives et un groupe de souris contraints à la sédentarité, Gould et ses collègues ont pu constater que les souris actives, contrairement aux autres, avaient une quantité notable de neurones produisant le neurotransmetteur GABA. Ces neurones, bien connus dans le cerveau, ont principalement une fonction inhibitrice, c’est-à-dire qu’ils rendent moins probable l’activité nerveuse dans d’autres neurones. Leur activation peut donc avoir, au niveau cérébral, cet effet calmant global que l’on associe à une anxiété moindre.

Mais ces neurones au GABA se comportaient-ils effectivement de cette façon dans une situation stressante. Pour le savoir, on a soumis les deux groupes de souris à un stress passager (être plongé dans de l’eau glacée pendant 5 minutes, ce qui ni les souris ou les humains n’apprécient particulièrement…).

Grâce à certains marqueurs biologiques permettant de savoir si une population de neurones a été active récemment, on a pu constater l’activation de vastes populations de neurones excitateurs chez les souris sédentaires suite à l’immersion dans l’eau froide. Une surexcitation que l’on ne retrouvait cependant pas dans le groupe de souris actives. Les nombreux neurones inhibiteurs au GABA des souris actives montraient toutefois, eux, des signes importants d’activation, ce qui expliquerait l’activité restreinte de leurs voisins excitateurs. D’ailleurs, en bloquant les récepteurs au GABA dans cette partie ventrale de l’hippocampe, les signes d’anxiété réapparaissaient chez les souris actives. Bref, il semble que les souris actives (et tout porte à croire que les humains actifs ne sont pas différents) aient l’équipement neuronal qui, contrairement à leur consoeur sédentaire, leur permet de retrouver rapidement le calme après la tempête.

Il est toujours intéressant de se demander, devant un tel phénomène biologique, pourquoi il en est ainsi. Et ce type de question sur les causes ultimes d’un phénomène appelle irrémédiablement une explication d’un point de vue évolutif. Dans ce cas-ci, Elizabeth Gould s’aventure à penser que du point de vue d’un individu pas très en forme et donc peu enclin à déclencher une réponse de fuite ou de lutte efficace, un niveau d’anxiété chronique assez élevé n’est peut-être pas très agréable, mais permet sans doute d’éviter bien des situations dangereuses et d’être, en bout de ligne, un phénomène adaptatif pour la survie de cet individu.

i_lien How Exercise Can Calm Anxiety
i_lien Exercise reorganizes the brain to be more resilient to stress
a_exp Physical exercise prevents stress-induced activation of granule neurons and enhances local inhibitory mechanisms in the dentate gyrus.

Le corps en mouvement | Comments Closed


Pour publier un commentaire (et nous éviter du SPAM), contactez-nous. Nous le transcrirons au bas de ce billet.