Après nous avoir appuyés pendant plus de dix ans, des resserrements budgétaires ont forcé l'INSMT à interrompre le financement du Cerveau à tous les niveaux le 31 mars 2013.

Malgré nos efforts (et malgré la reconnaissance de notre travail par les organismes approchés), nous ne sommes pas parvenus à trouver de nouvelles sources de financement. Nous nous voyons contraints de nous en remettre aux dons de nos lecteurs et lectrices pour continuer de mettre à jour et d'alimenter en contenu le blogue et le site.

Soyez assurés que nous faisons le maximum pour poursuivre notre mission de vulgarisation des neurosciences dans l'esprit premier d'internet, c'est-à-dire dans un souci de partage de l'information, gratuit et sans publicité.

En vous remerciant chaleureusement de votre soutien, qu'il soit moral ou monétaire,

Bruno Dubuc, Patrick Robert, Denis Paquet et Al Daigen






lundi, 6 février 2012
Lumière sur les premières membranes cellulaires

Toute cellule vivante, et donc tous nos neurones, possède une membrane cellulaire qui sépare le milieu extérieur des myriades de réactions biochimiques qui se déroulent à l’intérieure dela cellule. Certainesde ces réactions enzymatiques permettent même de former cette membrane. C’est cette capacité à s’autoproduire qui caractérise le vivant que Maturana et Varela ont appelé « autopoïèse ».

Mais si cela prend une membrane pour qu’il y ait cellule vivante et que c’est la cellule vivante qui produite la membrane, comme sortir de ce dilemme en tout point semblable à la question de savoir ce qui a existé en premier, « l’œuf ou la poule » ? On n’a pas le choix que de supposer qu’à un moment donné au début de l’évolution, une réaction biochimique capable de fabriquer des membranes a pu être catalysée par une molécule non organique, c’est-à-dire n’étant pas issue du métabolisme d’une cellule vivante.

C’est justement ce que viennent de réaliser les chimistes Neal Devaraj et Itay Budin en utilisant des ingrédients simples (eau, huile, détergent) et de simples ions de cuivre comme catalyseur pour unir les deux chaînes lipidiques qui forment toute membrane cellulaire (qui rend possible l’influx nerveux pour les neurones). En effet, c’est parce que la tête de certains lipides « aime » l’eau et que leur queue « ne l’aime pas » que ceux-ci peuvent s’agglomérer en une double surface où les queues hydrophobes se font face et les têtes hydrophiles sont tournées vers les milieux aqueux extérieur et intérieur de la cellule.

En montrant que des membranes peuvent être produites avec ces éléments inorganiques élémentaires, Devaraj et Budin suggèrent qu’il est possible que les premières membranes aient pu se former de cette façon, sans toutes les chaînes de réactions biochimiques complexes à l’œuvre aujourd’hui dans la moindre cellule. Ces membranes primitives, en se refermant sur elles-mêmes, ont pu créer par la suite les conditions de stabilité requises pour l’établissement progressif des innombrables cascades biochimiques qui caractérisent le vivant.

Voilà qui apporte un éclairage fort intéressant sur les origines de la vie Terre. Et aussi sur la bonne vieille colle de « l’œuf ou la poule ». La prochaine fois que quelqu’un vous la fait, parlez-lui de ces membranes artificielles…

i_lien Envelope for an Artificial Cell
a_lien Qu’est-ce qu’un concept scientifique ? L’exemple de l’énaction (et de l’autopoïèse) de Francisco Varela.

De la pensée au langage | Comments Closed


Pour publier un commentaire (et nous éviter du SPAM), contactez-nous. Nous le transcrirons au bas de ce billet.