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lundi, 28 février 2011
Taille du cerveau humain : quand évolution ne rime plus avec augmentation

petit_cerveau

On le sait, la curiosité et les hyperliens des sites web peuvent être, ensemble, une formidable source de perte de temps ! Mais parfois de belles pertes de temps, comme le démontre le parcours derrière ce billet…

C’est ainsi qu’en tant que montréalais francophone je suis tombé sur le premier article ci-bas, d’une université de ma ville. On y présente le livre Big Brain, publié en 2009 par deux spécialistes des neurosciences, Gary Lynch et Richard Granger. Les auteurs y relatent, entre autres, la découverte du crâne de Boskop en Afrique du Sud au début des années 1900. Une découverte qui, selon eux, semble indiquer l’existence d’êtres anciens dont le cerveau aurait été plus de 30 % plus gros que le cerveau humain actuel. Et dont le mode de réflexion, par conséquent, aurait probablement été plus complexe que les humains modernes.

Sauf que cet article, de même que l’extrait du livre présenté par le magazine Discover (le 2e lien ci-bas), informe le lecteur que l’idée que les Boskops représentent une espèce distincte d’hominidés est mise en doute par nombre de paléontologues. L’un de ceux-là, John Hawks, avait publié sur son blogue un premier billet lors de la sortie du livre, et un second lorsque Discover en a publié un extrait (3e et 4e références ci-bas). Dans le premier, il soutient que l’histoire des Boskops n’est plus débattue depuis cinquante ans et qu’il s’agit de données anthropologiques obsolètes. Pour lui, les auteurs de Big Brain ne tiennent pas compte des données archéologiques récentes qui donnent des Boskops une image bien différente. Et dans le second billet, il cible sa critique sur quelques affirmations du livre, dont l’existence possible d’une population humaine avec un volume cérébral moyen de 1750 centimètres cubes (ou cc) ou avec un cortex préfrontal « incomparablement plus grand que le nôtre », et la corrélation entre la taille du cerveau et l’intelligence mise de l’avant dans Big Brain.

Voilà donc amplement de données pour illustrer une belle controverse scientifique, me dis-je en refermant les fenêtres de ces sites web. C’est alors qu’au bas de celle du magazine Discover, mon regard fut attiré par un autre titre que l’on peut traduire ainsi : « Si les êtres humains sont si intelligents, pourquoi nos cerveaux rapetissent-ils ? ». Je clique sur le lien et découvre une formidable enquête menée par Kathleen McAuliffe et publiée sur Internet le 20 janvier 2011. Le point de départ est justement une phrase de John Hawks, lancée comme ça, durant l’énumération de différentes modifications ayant affecté le cerveau humain durant l’évolution : « Et c’est clair, aussi, que notre cerveau a rapetissé ». Étonnement de la journaliste qui évoque alors toutes les données paléontologiques démontrant une augmentation du volume cérébral durant l’hominisation.

« Cela a été vrai durant 2 millions d’années de notre évolution, mais il y a eu un renversement récent de cette tendance », lui explique alors Hawks. En effet, depuis environ 20 000 ans, le volume moyen du cerveau humain mâle est passé de 1 500 cc à 1 350 cc. Une perte de volume de la taille d’une balle de tennis, en si peu de temps à l’échelle de l’évolution, ce n’est pas rien !

Renseignements pris par la journaliste, seuls les paléontologues semblent actuellement être au fait de cet étrange phénomène. Mais les spéculations pour l’expliquer foisonnent, comme le rapporte l’article. L’une des plus intéressantes ? Depuis que les humains sont plus sédentaires et vivent dans des groupes plus larges, ils se seraient « auto-domestiqués ». Quel est le rapport ? Celui-ci : sur la trentaine d’espèces que l’humain a domestiquée, toutes ont perdu de 10 à 15% de leur volume cérébral comparé à leurs ancêtres sauvages. Il s’agit d’une « sélection contre l’agression », selon le primatologue Richard Wrangham, qui favoriserait des caractères juvéniles, et donc un volume cérébral moindre.

Il demeure toutefois difficile de dire si les espèces ainsi domestiquées, donc peut-être nous-mêmes, sont plus ou moins intelligentes avec leur plus petit cerveau. Chose certaine, leur intelligences, fruit de cette dérive évolutive, est différente. Une affirmation plus prudente, suite à notre petite dérive Internet…

i_lien Neurosciences 101 : L’évolution des « gros cerveaux »
i_lien What Happened to the Hominids Who May Have Been Smarter Than Us ?
a_lien THE « AMAZING » BOSKOPS
a_lien Return of the « amazing » Boskops
a_lien IF MODERN HUMANS ARE SO SMART, WHY ARE OUR BRAINS SHRINKING?

Le bricolage de l'évolution | 1 commentaire


Un commentaire à “Taille du cerveau humain : quand évolution ne rime plus avec augmentation”

  1. blog-lecerveau dit :

    Modern Man’s Shrinking Brain

    http://www.superscholar.org/shrinking-brain/