Après nous avoir appuyés pendant plus de dix ans, des resserrements budgétaires ont forcé l'INSMT à interrompre le financement du Cerveau à tous les niveaux le 31 mars 2013.

Malgré tous nos efforts (et malgré la reconnaissance de notre travail par les organismes approchés), nous ne sommes pas parvenus à trouver de nouvelles sources de financement. Nous nous voyons contraints de nous en remettre aux dons de nos lecteurs et lectrices pour continuer de mettre à jour et d'alimenter en contenu le blogue et le site.

Soyez assurés que nous faisons le maximum pour poursuivre notre mission de vulgarisation des neurosciences dans l'esprit premier d'internet, c'est-à-dire dans un souci de partage de l'information, gratuit et sans publicité.

En vous remerciant chaleureusement de votre soutien, qu'il soit moral ou monétaire,

Bruno Dubuc, Patrick Robert, Denis Paquet et Al Daigen






lundi, 8 avril 2013
Qui est en charge ? Nous ?

Voilà, notre système de dons pour le financement du site est maintenant en ligne ! Je vous invite à lire la colonne ci-contre qui explique le pourquoi et le comment de la chose.

En gros, le site demeurera toujours gratuit et sans publicité, et nous espérons un jour ne plus avoir à solliciter vos dons. Mais il nous fallait trouver un moyen pour assurer notre survie jusque-là. Comme beaucoup de gens nous ont écrit depuis six mois pour nous dire qu’ils seraient prêts à faire un don pour le site, nous avons décidé de rendre cela possible. Et nous remercions à l’avance tous ceux et celles qui prendront le temps de le faire. C’est grâce à vous que notre équipe pourra consacrer le temps nécessaire pour continuer d’entretenir et d’alimenter en contenu Le cerveau à tous les niveaux.

En cherchant sur quoi écrire pour inaugurer cette « nouvelle ère », mon attention s’est justement portée sur le nom de notre site. Plus particulièrement sur son nom anglais, « The Brain from Top to Bottom », qui évoque moins l’idée des niveaux du titre français que celui du « contrôle descendant », le « top down control » qu’on évoque souvent pour expliquer le contrôle volontaire sur certains comportements. Celui-ci s’oppose au contrôle « bottom up », celui des stimuli sensoriels qui nous parviennent de l’environnement et qui déclenchent des réponses comportementales souvent automatiques et inconscientes.

Ce rapprochement m’est sans doute venu parce que je viens de terminer l’écoute d’un épisode de Brain Science Podcast où le Dr. Ginger Campbell résume le dernier livre de Michael Gazzaniga : « Who’s in Charge?: Free Will and the Science of the Brain” (2011). Gazzaniga est souvent considéré comme l’un des « pères fondateurs » des neurosciences cognitives modernes, ayant fondé ou cofondé plusieurs revues scientifiques importantes dans le domaine en plus d’être l’éditeur de l’une des monographies les plus classiques du domaine, « The Cognitive Neurosciences », et d’avoir mené les fameuses expériences sur les patients à cerveau divisé (« split brain »).

Il s’agit donc de quelqu’un qui vient d’une communauté scientifique où la vision dominante est que nos vies sont globalement déterminées par les lois physiques sous-jacentes, ce qui réduit à peu de chose le concept de responsabilité individuelle.

Le point de vue de Gazzaniga est d’autant plus fascinant qu’il s’inscrit en faux contre cette position dominante. Pour lui, bien que notre cognition et nos pensées soient inexorablement générées par l’activité de notre cerveau, celles-ci peuvent « contraindre » cette activité cérébrale, un peu comme le déplacement d’une voiture est contraint par le trafic. Et de la même façon, on ne peut appréhender correctement le trafic (l’esprit) en regardant uniquement sous le capot d’une voiture (uniquement dans le cerveau). Gazzaniga défend l’idée que nous devenons des agents responsables parce que nous interagissons les uns avec les autres. Bref qu’un certain libre arbitre peut émerger de nos interactions sociales malgré les lois physiques déterminées qui gouvernent notre monde.

Quel est le lien avec les préoccupations qui nous ont occupés les derniers mois ? Hum… Mon « interprète conscient », comme dirait Gazzaniga, pourrait sans doute en fournir une justification langagière tout à fait cohérente. Mais je crois que la réalité est plus fugace et chaotique, comme l’activité dynamique de notre cerveau. Des images mentales qui s’entrechoquent, comme « décider (librement ?) de continuer le site ou pas », « contraintes de financement de haut en bas » « contributions volontaires de bas en haut » ou encore « se permettre certaines libertés rédactionnelles » pour incarner un peu plus cette cognition issue de l’objet le plus complexe de l’univers dont nous possédons tous et toutes un exemplaire unique entre les deux oreilles !

i_lien How Mind Emerges from Brain (BSP 82)
i_lien Transcript PDF of BSP episode 82
a_his Who’s in Charge?: Free Will and the Science of the Brain
a_his Neuroscience and Justice Edge Master Class 2011

L'émergence de la conscience | 1 commentaire


Un commentaire à “Qui est en charge ? Nous ?”

  1. […] peu de place qu’ils accordent au libre arbitre. Mais il y a peut-être une troisième voie, outre une réhabilitation sociale du libre arbitre à la Gazzaniga par exemple. Une conquête de certains degrés de liberté que semble expérimenter Fallon […]