Après nous avoir appuyés pendant plus de dix ans, des resserrements budgétaires ont forcé l'INSMT à interrompre le financement du Cerveau à tous les niveaux le 31 mars 2013.

Malgré tous nos efforts (et malgré la reconnaissance de notre travail par les organismes approchés), nous ne sommes pas parvenus à trouver de nouvelles sources de financement. Nous nous voyons contraints de nous en remettre aux dons de nos lecteurs et lectrices pour continuer de mettre à jour et d'alimenter en contenu le blogue et le site.

Soyez assurés que nous faisons le maximum pour poursuivre notre mission de vulgarisation des neurosciences dans l'esprit premier d'internet, c'est-à-dire dans un souci de partage de l'information, gratuit et sans publicité.

En vous remerciant chaleureusement de votre soutien, qu'il soit moral ou monétaire,

Bruno Dubuc, Patrick Robert, Denis Paquet et Al Daigen






lundi, 5 mai 2025
Sommeil, Alzheimer, et combats ritualisés

Quand je ne suis pas en train de préparer des événements comme la projection de mon film Sur les traces d’Henri Laborit le 16 mai prochain à Montréal (et le 18 mai en France) ou la 3e rencontre du club de lecture de mon livre le 20 mai prochain, j’essaie de faire au moins deux choses. En fait, trois. La première est de garder un œil sur l’actualité scientifique sur tout ce qui touche de près ou de loin au cerveau humain, ce qui m’amène aujourd’hui à vous parler d’un article sur le sommeil et l’Alzheimer publié dans un grand média. Et la seconde c’est de lire des livres, un grand plaisir que je m’accorde après n’avoir pas pu le faire pendant les 4 ans de rédaction du mien (à part bien sûr les livres ou chapitres de livres spécifiques aux sujets abordés dans mon livre). Mais lire plus largement en mettant en œuvre la pluridisciplinarité que j’appelle de mes vœux, ça c’est vraiment un plaisir retrouvé ! Comme celui que j’ai en avançant dans ma lecture de Les structures fondamentales des sociétés humaines, dont je vous offre plus bas un extrait qui résonne particulièrement bien avec l’actualité des derniers jours. Et la troisième chose que j’essaie de faire c’est de ne pas écrire des billets de blogue trop ambitieux pour me laisser le temps de faire autre chose de ma journée du lundi…

L’article dont je voudrais vous parler m’a été signalé pour mon paternel de 91 ans qui se fait encore un devoir de m’envoyer tout ce qu’il voit passer sur le cerveau dans les grands médias (merci Gilles !). Publié dans l’édition d’hier du journal La Presse, son titre « Lire les rêves pour comprendre l’Alzheimer » a cependant, comme c’est souvent le cas quand il est question du cerveau et encore plus de l’Alzheimer dans ce type de média, un côté nettement exagéré. Mis à part ce biais sensationnaliste pour les titres accrocheurs, voire racoleurs, les travaux actuels de Sylvain Williams sont plutôt bien rapportés. Il s’intéresse en effet à la consolidation mnésique durant le sommeil et comment sa meilleure compréhension pourrait peut-être ouvrir des avenues thérapeutiques pour l’Alzheimer.

Williams y résume succinctement le phénomène bien connu maintenant de réactivation des souvenirs récents sous la forme de ce qu’on appelle des ondes à front raide (ou « sharp wave ripples » en anglais), des bouffées d’influx nerveux à haute fréquence qui vont permettre de solidifier dans le cortex les connexions neuronales correspondant à des événement récents significatifs pour la personne ou la souris (le modèle animal employé ici, parce que les humains n’aiment pas trop se faire percer le crâne pour y  installer une mini-caméra capable de filmer en continu l’activité d’un millier de neurones à la fois…).

Or chez les personnes Alzheimer, au lieu de cette réactivation ordonnée durant le sommeil qui favorise la consolidation des souvenirs, on observe davantage une suractivité désordonnée dans ces neurones. D’où l’idée qu’en comprenant mieux les causes de ce dérèglement, on pourrait éventuellement peut-être le contrer, et ainsi améliorer l’encodage des nouveaux apprentissages chez ces patients dont les premiers symptômes sont justement les pertes de souvenirs récents et la désorientation spatiale. Bref, une application pratique de la recherche sur tout ce que je raconte à Yvon à la fin de notre 6e rencontre dans le livre, en particulier à la page 243 et suivante (pour les « cellules de lieux ») et dans toute la dernière section de cette rencontre intitulée « La consolidation de nos apprentissages durant le sommeil » qui commence à la page 262.

* * *

Pour ce qui est du fascinant ouvrage du sociologue Bernard Lahire, il a particulièrement résonné en moi alors que se terminait au pays le rituel d’une autre campagne électorale en même temps que les amateurs de foot comme moi recommençaient à jouer à l’extérieur avec le retour de la belle saison. Et donc quand Lahire rapporte les propos de Roger Chartier qui évoque les liens entre régime parlementaire et sport, ça a tout de suite eu une résonnance particulière pour moi :

« La sportization des passe-temps traditionnels n’est donc pas séparable de l’établissement du régime parlementaire. L’un et l’autre postulent et la légitimité de la compétition, même rude, et l’exclusion de la violence destructrice de l’adversaire. L’un et l’autre reposent sur un modèle « horizontal » d’affrontement qui porte des luttes euphémisées mais directes, menées selon des règles communément acceptées et dans un espace autonome, avec pour enjeu la victoire (électorale ou sportive). Un même habitus est donc à la fois déployé et façonné dans différents champs de pratiques, hétérogènes les uns aux autres. »

Résonnance particulière parce que plus je vieillis, et plus baisse mon taux de testostérone j’imagine, plus je trouve un peu absurde la guerre ritualisée d’une partie de foot où la compétitivité et l’impératif de victoire l’emporte bien souvent sur… le simple plaisir de bouger et d’exécuter de beaux gestes technique ou de belles chorégraphies d’ensemble.

Quant au rituel des élections, il est plus grave qu’absurde étant donné son issue prévisible en faveur du statut quo où c’est « blanc bonnet ou bonnet blanc » qui va continuer d’assurer le maintien des privilèges éhontés de la minorité des ultrariches de ce monde. Vous me direz, comme le souligne l’extrait, que c’est mieux que « la violence destructrice de l’adversaire ». Mais ce n’est pas parce que cette violence est moins directe qu’en d’autres lieux ou qu’en d’autres temps qu’elle est plus acceptable. Ses dérives décomplexées chez nos voisins du sud nous le rappellent en ce moment brutalement.

En terminant, si vous voulez mieux comprendre ce qu’essaie de faire Lahire, j’ai découvert qu’il vient de sortir un nouveau livre, « Vers une science sociale du vivant« , pour synthétiser la démarche de sa somme précédente (cette fois sous forme d’entretien dialogué en plus!). Et le bref avant-propos de 5 pages qu’on peut lire de ce bouquin fait une belle synthèse de la synthèse ! C’est-à-dire en gros mettre le social humain en dialogue avec le social dans les autres espèces vivantes, l’un des aspects les plus intéressants de cette démarche transdisciplinaire.

Au coeur de la mémoire | Pas de commentaires


lundi, 28 avril 2025
Célébrer l’œuvre d’Henri Laborit 30 ans après son décès : événement France / Québec !

« Je suis effrayé par les automatismes qu’il est possible de créer à son insu dans le système nerveux d’un enfant. Il lui faudra dans sa vie d’adulte une chance exceptionnelle pour s’évader de cette prison, s’il y parvient jamais. »

– Henri Laborit

 

Il y a près de dix ans, c’est lorsque je lui avais lu cette citation de Laborit que mon éditeur avait eu le goût de faire un livre où sa pensée serait mise en avant. Ça a donné « Notre cerveau à tous les niveaux. Du Big Bang à la conscience sociale », publié l’automne dernier chez Écosociété. Aujourd’hui, je reproduis plus bas un billet que j’ai écrit la semaine dernière sur le site web Éloge de la suite que j’ai créé en 2014 et qui est vite devenu le site de référence le plus complet sur la vie et l’œuvre de Laborit. Je vous laisse découvrir pourquoi cette publication mérite selon moi d’être reproduite ici, tant pour son lien avec mon bouquin qu’avec ce site et ce blogue qui font aussi la part belle à des concepts laboritiens, comme l’inhibition de l’action, les nombreux niveaux d’organisation qui nous constituent, la fuite ou les systèmes complexes, tant biologiques que sociaux. Je vous mentionne aussi en terminant que le pdf de la présentation Power Point que j’ai présenté lors de la 2e rencontre du club de lecture de mon livre mardi dernier a été ajoutée sur le site de l’UPop Montréal, s’il y en a qui voudraient lire ou revivre cette soirée où l’on est passé des étoiles à la vie et à nos vies. Un parcours qu’a d’ailleurs souvent fait Laborit dans plusieurs de ses ouvrages (Du soleil à l’homme (1963), L’homme et la ville (1971), Copernic n’y a pas changé grand-chose (1980), Dieu ne joue pas aux dés (1987), etc. (suite…)

Du simple au complexe | Pas de commentaires


lundi, 21 avril 2025
La structure profonde de nos origines en tant qu’humains et… êtres vivants !

Comme annoncé la semaine dernière, c’est demain soir, mardi le 22 avril à 19h au café La Place Commune, qu’aura lieu la 2e rencontre du club de lecture de mon livre « Notre cerveau à tous les niveaux. Du Big Bang à la conscience sociale ». Cette rencontre intitulée « De la « poussière d’étoile » à la vie : l’évolution qui fait qu’on est ici aujourd’hui » nous fera remonter les origines non seulement de notre lignée humaine, mais de la triple évolution (biologique, chimique et cosmique) qui rend possible chacune de nos existences. Après une première heure où j’en résumerai le contenu et où vous pourrez poser toutes les questions qu’il vous suggère, on aura comme invitée l’anthropologue Michelle Drapeau qui nous parlera de paléoanthropologie, son domaine de recherche qui étudie l’évolution de la lignée humaine, notamment à partir de fragments d’os retrouvés et ce qu’ils nous révèlent sur l’apparition de ce trait déterminant pour notre espèce : la bipédie. Et pour vous donner un aperçu des enchaînements improbables qui ont permis l’émergence des sociétés humaines complexes telles que nous les connaissons aujourd’hui, je vous présente très brièvement dans le reste de ce billet un article scientifique récent sur les échanges génétiques qui ont eu lieu entre les différentes lignées humaines tout au long de leur histoire. (suite…)

Le bricolage de l'évolution | Pas de commentaires


lundi, 14 avril 2025
Un 2e club de lecture de « Notre cerveau à tous les niveaux » pour combattre ces temps maussades

Devant le flot incessant de mauvaises décisions que nos élites essaient de couvrir de mots rassurant, comme le gouvernement provincial qui autorise la destruction d’une tourbière au nom de « l’intérêt public », l’aspirant premier ministre du Canada qui veut faire du pays une « superpuissance énergétique mondiale » avec… les hydrocarbures dont il faudrait plutôt réduire drastiquement l’utilisation, jusqu’à l’autre fasciste et sa clique d’oligarques qui font encore pire au sud de la frontière mais sans complexe aucun, il est bon de se rappeler au moins une petite fois de temps en temps que l’humanité n’a pas évolué pendant des centaines de milliers d’année pour arriver juste à ça. Qu’il y a, partout autour de nous, des êtres humains qui coopèrent, qui s’organisent et qui continuent de faire de la science, de créer de la beauté, de célébrer nos différences culturelles ou de transmettre le goût du savoir émancipateur pour soi et la collectivité. C’est par exemple un peu ce que l’UPop Montréal propose à travers sa programmation, et qui est aussi l’esprit du club de lecture mensuel de mon livre « Notre cerveau à tous les niveaux. Du Big Bang à la conscience sociale » qui a commencé le 25 mars dernier (et dont on peu revoir les pdf des Power Points présentés ici). Un refuge un peu hors de ces temps maussades où l’on peut se retrouver comme tant d’humains l’ont fait au cours de notre histoire, une petite gang ensemble autour d’un feu (ou d’un Power Point !) pour essayer de comprendre d’où on vient et à quoi ça rime, tout ça… Et c’est ce qui va se poursuivre mardi le 22 avril prochain, pour la 2e rencontre du club portant sur… la 2e rencontre du livre qui s’intitule « De la « poussière d’étoile » à la vie : l’évolution qui fait qu’on est ici aujourd’hui ». (événement Fb ici). (suite…)

Du simple au complexe | Pas de commentaires


lundi, 7 avril 2025
Occasions de réflexions du Big Bang à la conscience sociale

Dans l’esprit un peu « babillard » pour ce blogue tel que décrit la semaine dernière, voici quelques annonces concernant mes activités de diffusion et de réflexion autour de « Notre cerveau à tous les niveaux, du Big Bang à la conscience sociale ».

Donc en ordre chronologique, je signale d’abord que l’enregistrement audio du premier « club de lecture » du bouquin est maintenant accessible sur le web.

Ensuite je serai au Salon International du livre de Québec samedi prochain le 12 avril pour une séance de dédicace de 19h à 20h. Merci de passer le mot à vos connaissances des environs de Québec !

Et puis à noter dans vos agendas, la deuxième rencontre du club de lecture (« De la « poussière d’étoile » à la vie : l’évolution qui fait qu’on est ici aujourd’hui ») qui aura lieu le mardi 22 avril au café La Place Commune, à 19h. (suite…)

Du simple au complexe | Pas de commentaires