Après nous avoir appuyés pendant plus de dix ans, des resserrements budgétaires ont forcé l'INSMT à interrompre le financement du Cerveau à tous les niveaux le 31 mars 2013.

Malgré tous nos efforts (et malgré la reconnaissance de notre travail par les organismes approchés), nous ne sommes pas parvenus à trouver de nouvelles sources de financement. Nous nous voyons contraints de nous en remettre aux dons de nos lecteurs et lectrices pour continuer de mettre à jour et d'alimenter en contenu le blogue et le site.

Soyez assurés que nous faisons le maximum pour poursuivre notre mission de vulgarisation des neurosciences dans l'esprit premier d'internet, c'est-à-dire dans un souci de partage de l'information, gratuit et sans publicité.

En vous remerciant chaleureusement de votre soutien, qu'il soit moral ou monétaire,

Bruno Dubuc, Patrick Robert, Denis Paquet et Al Daigen






lundi, 12 décembre 2011
L’être humain n’a plus l’apanage de l’empathie

Un rat libère un congénère prisonnier et partage ensuite du chocolat avec lui. Extrait d’un dessin animé de Mickey Mouse ? Non, expérience de laboratoire qui montre qu’un véritable rat peut avoir un comportement empathique.

Ces résultats, publiés dans la revue Science le 7 décembre dernier par Peggy Mason et ses collègues, ont fait la manchette dans les grands médias. C’est en effet la première fois qu’on démontre qu’un animal qui n’est pas un primate agit pour réduire la détresse d’un congénère. Et cela laisse entrevoir la possibilité que l’empathie, considérée comme propre aux humains et à quelques grands singes, aurait des racines animales beaucoup plus anciennes.

On savait déjà que des rats montrent davantage de signes de détresse quand ils voient d’autres rats avec qui ils sont familiers souffrir que lorsqu’ils voient des rats qu’ils ne connaissent pas exprimer leur douleur. On parle de « contagion émotionnelle » pour décrire ce phénomène considéré comme un précurseur de l’empathie humaine (et qui se retrouve évidemment chez l’humain aussi).

Mais dans l’expérience de Mason, il n’est pas seulement question d’un ressenti partagé, mais d’un comportement prosocial pour aider un congénère. D’autres expériences seront bien entendu nécessaires pour voir si ce comportement part véritablement d’une motivation qu’on pourrait appeler de l’empathie chez le rat. Des spécialistes des émotions, comme Jaak Panksepp, se demandent par exemple si le petit rongeur a réellement de la sympathie pour son congénère, ou bien s’il agit ainsi parce qu’il se sent simplement mieux sans la détresse affichée de ce dernier dans son entourage.

À l’approche du temps des Fêtes, force est de constater que ces données rejoignent néanmoins celle sur la neurobiologie de la charité et pointent vers des origines biologiques très profondes pour les comportements qui font du bien à son prochain. N’en déplaise à toutes les religions qui en revendiquent le Copyright !

i_lien Rats Free Trapped Friends, Hint at Universal Empathy
i_lien Message From Mouse to Mouse: I Feel Your Pain
i_lien Like Humans, Chimps Show Selfless Behaviors
a_exp Empathy and Pro-Social Behavior in Rats

Le plaisir et la douleur | 7 commentaires »


7 commentaires à “L’être humain n’a plus l’apanage de l’empathie”

  1. Daillet-Wiedemann dit :

    Je suis surpris que vous écriviez « c’est la première fois qu’on démontre qu’un animal qui n’est pas un primate agit pour réduire la détresse d’un congénère ». Cette attitude a été démontrée très souvent par le passé, notamment de cas de corbeau secourant un congénère, et beaucoup d’autres. Cela ressemble à un coup médiatique. A lire: l’agression de Konrad Lorenz ou l’Homme dans le Fleuve du Vivant.

  2. Pour mon bénéfice personnel et celui des lectrices et lecteurs de ce blog, pourriez-vous donner quelques sources concernant le cas des corbeux et des nombreux autres auxquels vous faites allusion ?

    De nombreux exemples de contagion émotionnelle et d’expression de douleur partagée ont été documenté ailleurs que chez les primates, mais plusieurs commentateurs crédibles rapportaient ce premier cas « d’acte d’empathie véritable » hors des primates.

    Cela dit, qu’on ait pu observer d’autres comportement empathiques ou évoquant l’empathie chez d’autres espèces (notamment l’éléphant, le dauphin, ou même les abeilles?!), cela est fort possible (bien que le concept d’empathie ne soit pas toujours clairement défini). Il suffit de lire une peu sur la question (par exemple les propos de Frans de Waal dans l’article de Wired donné en référence ci-haut ou ses nombreux livres sur la question), pour s’apercevoir qu’il y a longtemps qu’on suspectait cette origine très ancienne de l’empathie chez les mammifères. Cette procédure expérimentale contrôlée a sans doute le mérite de le démontrer plus clairement que d’autres observations antérieures plus ponctuelles.

    Quant à Lorenz, il demeure bien sûr une bonne référence. Mais s’il faut remonter dans le temps, il faudrait sans doute citer également L’Entraide, de Kropotkine, publié en 1902.

  3. Je viens aussi de tomber sur cet article qui détaille les mécanismes cérébraux possibles pour expliquer l’empathie chez les mammifères:

    Heirarchies of empathy in the brain
    http://mindblog.dericbownds.net/2011/12/heirarchies-of-empathy-in-brain.html

  4. Ronvaux dit :

    Un ouvrage est sorti en 2010, concernant l’empathie chez les animaux. Je vous le conseille vivement si le sujet vous intéresse: Frans de Waale, L’Age de l’empathie, ed. « Les Liens qui Libèrent Editions ».

  5. Les rats auraient-ils plus d’empathie que les riches ?

    Rich People Lack Empathy, Study Finds

    http://www.huffingtonpost.com/2011/12/22/rich-people-lack-empathy_n_1165425.html

  6. kurdsoft dit :

    Les rats auraient-ils plus d’empathie que les riche

  7. Bruno Dubuc dit :

    Autre étude montrant que les personnes des classes aisées semblent avoir, en moyenne, moins d’empathie que les autres, en français cette fois:

    Étude – Les gens de milieux aisés manquent d’éthique
    http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/343838/etude-les-gens-de-milieux-aises-manquent-d-ethique