lundi, 15 décembre 2025
Des études récentes pour donner le goût de lire Notre cerveau à tous les niveaux
J’ai écrit la semaine dernière un petit billet du temps des Fêtes suggérant qu’un peu plus d’un an après sa publication, mon livre « Notre cerveau à tous les niveaux. Du Big Bang à la conscience sociale », que vous pouvez vous procurer par son site web, était toujours d’actualité pour qui a le goût d’explorer ce qui nous fait penser, bouger, aimer, se fâcher, s’entraider ou s’entretuer. Une connaissance de soi qui ne se cantonne pas au niveau de la psychologie populaire, mais qui convoque ce qu’on appelle aujourd’hui les « sciences cognitives », c’est-à-dire toutes les disciplines qui portent un regard sur le fait humain, de l’anthropologie (dont je parlais la semaine dernière) à l’intelligence artificielle (dont je parlais le 17 novembre dernier), en passant par la philosophie, l’éthologie, la linguistique et, bien sûr, les neurosciences. Ce que je vous propose cette semaine pour terminer cette année 2025 qui fut celle de la promotion de mon livre, avec ses nombreux salons du livre et conférences pour en présenter le contenu, c’est de vous présenter très brièvement quelques études récentes que j’ai ajoutées aux 2 800 références environ du bouquin grâce à sa section Références qui est en ligne sur le site web du livre (comme je l’ai déjà fait ici et là). Ce qui permet, et je le dis toujours en riant mais quand même avec une certaine satisfaction, d’ajouter des études de 2025 qui viennent appuyer les propos d’un livre publié en 2024 !
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Dans l’encadré de la page 374 par exemple, on parle des « concept cells » (dont j’avais aussi parlé dans ce blogue), ces neurones qui répondent sélectivement à un niveau conceptuel élevé, par exemple autant au visage d’une personne sous différents angles, au son de sa voix ou à l’écriture de son nom. La journaliste scientifique Yasemin Saplakoglu a résumé l’histoire de leur découverte et les débats les entourant dans un article de Quanta Magazine le 21 janvier dernier. Elle s’appuie en particulier sur l’étude scientifique publiée dans Nature en 2024 et qui s’intitulait Concept and location neurons in the human brain provide the ‘what’ and ‘where’ in memory formation, dont les résultats sont en accord avec l’idée que l’hippocampe (où l’on retrouve beaucoup de concept cells) serait un lieu d’indexation de nos souvenirs. Chaque cellule de concept agirait alors comme autant de pointeurs vers le cortex où leurs différentes caractéristiques seraient engrammées et où s’effectueraient la reconstruction du souvenir dans toutes ses dimensions. Ceux-ci n’étant jamais stockés d’une manière stable et définitive, mais constamment reconstruits et influencés par le contexte et les indices de rappel.
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Au début de la 12e rencontre, je rappelais ensuite que :
« Déjà, Darwin avait noté que les parents qui ont le plus d’empathie pour leur progéniture ont sans doute de meilleures chances qu’elle survive parce qu’elle reçoit de meilleurs soins. Et ensuite, ces descendants transmettent à leur tour ces prédispositions à l’empathie à leur descendance. Et c’est comme ça que chez les mammifères, les soins aux petits sont devenus super importants. On commence même à comprendre quels sont les gènes sur lesquels la sélection naturelle a pu agir pour favoriser cette empathie, par exemple ceux des récepteurs à l’ocytocine qui s’expriment dans les neurones de la substance grise périaqueducale des mammifères1. »
Eh bien il semblerait que la contagion des affects positifs, qui est à la base de l’empathie, ne soit pas limitée aux mammifères, et même au vertébrés, puisque des invertébrés sociaux comme les bourdons semblent en faire la démonstration selon l’article publié dans la revue Science en octobre dernier et intitulé Positive affective contagion in bumble bees. L’expérience tend en effet à démontrer l’attitude positive d’un bourdon entraîné pour réagir favorablement à certains stimuli accompagnés d’une récompense pouvait être adoptée par un autre individu à son contact dont le jugement devenait alors lui aussi favorablement biaisé par le même type de stimulus. On est peut-être loin de l’empathie comme on l’entend couramment, mais tout de même, l’étude suggère que l’affect qui en est à la base, la contagion émotionnelle, pourrait être évolutivement plus répandue qu’on ne le croyait.
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Parlant d’émotions, je signale enfin cet article paru la semaine dernière dans le magazine New Scientist et intitulé Too busy to meditate? Microdosing mindfulness has big health benefits. La métaphore du microdosage fait référence à la prise de petites doses de substances psychoactives comme la psilocybine (« champignons magiques ») de plus en plus utilisées pour influencer positivement certains états mentaux, comme des états dépressifs par exemple. Dans ce cas-ci, on veut tout simplement dire que de très courtes séances de méditation pouvant durer aussi peu qu’une minute ou même moins pourraient avoir des effets positifs pour les personnes surmenées.
J’espère que ce n’est pas votre cas et que l’arrêt du temps des Fêtes va permettre d’aller dans la nature et de voir des gens qui vous font du bien. Mais si ce n’est pas le cas, lisez cet article et essayez ces brefs moments méditatifs qui permettrait de ramener en nous un sentiment de paix intérieure en chassant les ruminations et autres idées noires. Ou lisez la 7e rencontre de mon livre qui explique pourquoi on peut devenir stressé chroniquement, et pourquoi c’est néfaste pour la santé, en se mettant dans une perspective évolutive qui permet de comprendre pourquoi on réagit comme ça. Et si vous aimez ça, et qu’en comprenant mieux vos prédispositions biologiques ça vous amène plus de bien-être et vous suggère comment en faire advenir dans votre communauté comme c’est le pari général de l’ouvrage, eh bien pourquoi ne pas profiter du temps des Fêtes pour vous taper le livre au complet ! Ou du moins le commencer en vous laissant entraîner par les dialogues de ses deux protagonistes. Paraît qu’ils sont un peu gossants des fois (surtout Yvon) mais finalement assez intéressant à suivre au fil de leurs rencontres. Quant à moi, je vous reviens dans les premiers jours de janvier pour mettre en pratique d’ici là ce que je vous conseille, mais avec d’autres livres, ayant lu et relu le mien un nombre incalculable de fois !
Du simple au complexe | Pas de commentaires










