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lundi, 29 septembre 2025
Transdisciplinarité, poésie et bonheur au salon du livre de la péninsule acadienne !

Je quitte Montréal demain matin pour aller présenter mon bouquin au salon du livre de la péninsule acadienne qui se tiendra du 2 au 5 octobre prochain à Shippagan, au Nouveau-Brunswick. Le 8e salon où je vais depuis un an, si je compte bien, depuis la sortie du bouquin le 1er octobre dernier. La boucle est donc maintenant pratiquement bouclée  pour ces événements que j’ai appris à aimer pour toutes les rencontres et les discussions qu’ils rendent possibles autour de tous ces sujets, « du Big Bang à la conscience sociale », qui me passionnent. C’est loin, Shippagan, mais je n’y vais pas pour rien avec 3 activités au programme pour moi, en plus d’une entrevue radio et des séances de dédicaces !

Ça commence donc ce jeudi à 9h avec une causerie sur le thème : Le cerveau, grand oublié des sciences humaines ou sociales ? C’est pour les étudiants, et la communauté universitaire, mais c’est aussi ouvert au public, à l’amphithéâtre Gisèle-McGraw de l’Université de Moncton, campus de Shippagan. Et j’aurai le privilège de discuter de cette question avec le prolifique auteur et philosophe Alain Deneault. Je ne suis pas étonné d’ailleurs que Deneault veuille nous entraîner sur ce sujet fort pertinent, connaissant sa curiosité et sa vision large et lucide sur ce genre de « point aveugle » de la pensée. Car oui, il y a une grande difficulté des sciences humaines à intégrer les concepts des disciplines sous-jacentes comme la psychologie (évolutive, en particulier), l’éthologie (dont la primatologie), les sciences cognitives (avec évidement les neurosciences comme discipline emblématique), mais aussi l’écologie, la biologie cellulaire ou même la chimie et la physique avec leur base thermodynamique qui aide à comprendre tellement de choses !

Ne serait-ce que tout être vivant doit se maintenir en vie, ce qui amène toutes sortes de contraintes et d’impératifs auxquels l’espèce humaine n’échappe pas. Et des domaines comme la sociologie ont trop longtemps cru pouvoir faire fi de tout cela en se concentrant que sur les rapports sociaux et la diversité culturelle, sans voir que derrière ce vernis se cache des lignes de force provenant de la longue histoire des organismes vivants, des mammifères et des primates que nous sommes. Des phénomènes qui nous semblent triviaux comme l’extrême dépendance de nos enfants à leur naissance, qui va conditionner de manière importante une large part des rapports sociaux si particulier chez l’humain, avec l’importance de la famille et la connaissance étendue de notre parenté (fait rare chez les autres primates), de l’entraide et de la coopération, mais aussi des groupes humains imbriqués dans des groupes plus large, et encore plus large, etc. (quartier, ville, province, État, groupe d’États, etc.). C’est tout le travail de Bernard Lahire et de son livre « Les structures fondamentales des sociétés humaines », que je dévore à petite dose depuis la sortie du mien, car il va tellement dans le sens de la nécessaire mais difficile transdisciplinarité que je n’ai pu qu’à peine effleurer à la fin de mon bouquin.

Samedi le 4 octobre à 14h, je participerai aussi à une table ronde intitulée « Le cerveau du poète » en compagnie de Jessica Gagnon et Jonathan Roy à l’amphithéâtre du Centre marin de Shippagan. Qu’est-ce qu’un « neurotroubadour » comme moi pourra amener dans une discussion avec deux poètes sur leur art ? Honnêtement, je me suis posé la question. Et puis je me suis dit qu’il y a souvent des choses bien établies sur le fonctionnement cérébral qui sont encore peu connues du grand public (d’où la démarche ayant conduit à mon livre !) et qui permettent d’appréhender peut-être un peu ce qui se passe quand on fait de la poésie. Je pense entre autres à la métaphore et à l’analogie au sens large qui, pour reprendre le titre d’un ouvrage de Douglas Hofstadter et Emmanuel Sander, est le « cœur de notre pensée ». Dans le sens où l’on ne s’en aperçoit rarement, mais beaucoup de nos phrases ne sont pas au sens propre, comme on dit, mais au sens figuré. Quand j’écris que je « dévore » le livre de Lahire ou que des connaissances sur le cerveau permettent « d’appréhender » la démarche poétique, je ne mange pas l’ouvrage de 972 pages, pas plus que je ne saisis au corps l’abc de la poésie. Je désigne une chose ou une action par une autre, apparemment différente, mais qui a une ressemblance plus profonde souvent cachée ou oubliée. Et derrière ce phénomène omniprésent dans notre langage, il y a notre prédisposition cérébrale à généraliser, c’est-à-dire à oublier les détails pour ne garder que l’idée centrale, le concept général d’une chose ou d’une situation vécue. Et c’est entre autres cette faculté humaine que les poètes poussent à un degré remarquable, évoquant en nous ces frissons indéfinissables sans doute parce que les mots d’un vers ou d’un poème entier a un surplus de signification, si je puis dire, que l’on ne saisit pas toujours consciemment mais émotionnellement quand même.

Quant à l’autre table ronde intitulée « Il est où le bonheur ? » qui va suivre tout de suite après à 16h avec Alain Crevier et Rose-Marie Charest à l’amphithéâtre du Centre marin de Shippagan, je ne tenterai pas d’en brosser un tableau (métaphore…) car ce billet s’en vient déjà long et je ne voudrais pas trop voler votre précieux temps (métaphore…). Je trouverai bien en me creusant les méninges (métaphore…) quelques idées à exposer (métaphore…) d’ici là.  😉

Je terminerai simplement en reprenant le fil (métaphore…) du paragraphe précédent pour remercier les gens qui sont venus au 7e club de lecture de mon bouquin vendredi dernier dans les locaux de Écosociété et qui portait donc sur… les émotions ! Ce fut encore une belle soirée d’échanges où l’on a pu creuser un peu (métaphore…) les rapports intimes entre corps et cerveau. Le prochain aura lieu mardi le 21 octobre comme l’annonce maintenant le site web de l’UPop Montréal qui coordonne ces soirées dont je vous laisse avec un souvenir de la dernière !

De la pensée au langage, Du simple au complexe | Pas de commentaires


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