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lundi, 10 avril 2023
Journal de bord de notre cerveau à tous les niveaux : comment les drogues psychédéliques modulent notre activité cérébrale

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Étant toujours dans la phase de relecture finale de mon livre jusqu’à la fin du printemps, je continue son « journal de bord » en y publiant certains encadrés qui n’ont pu, faute d’espace, trouver leur place dans le bouquin. Celui-ci entretenant déjà des rapports étroits avec le site web Le cerveau à tous les niveaux et son blogue grâce à différents renvois, cette conversion ne fait donc qu’étendre une approche déjà présente depuis le début du projet. Je poursuis donc aujourd’hui mon « nettoyage » du chapitre 6 en rapportant ici quelques études qui explorent les effets des drogues psychédéliques sur nos réseaux cérébraux.

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Le caractère officiellement « illicite » de drogues psychédéliques comme le LSD a rendu difficile leur étude pendant des décennies. Mais on dispose maintenant de travaux faits dans les règles de l’art pour observer avec différentes techniques d’imagerie cérébrale comment ces substances modulent notre activité cérébrale pour produire leurs effets étonnants et variés. En gros, cela modifie la connectivité fonctionnelle entre différentes régions cérébrales, tout en jouant sur la puissance de certains rythmes cérébraux. Des signatures classiques d’une neuromodulation, induite ici par une substance exogène, mais qui va agir, comme souvent, en mimant l’effet de certains systèmes de neuromodulation naturels en se fixant sur leurs récepteurs, en l’occurrence pour le LSD ceux de la dopamine et de la sérotonine.

Sans entrer dans les détails, on peut dire que, d’une part, cela contribue à « unifier » des réseaux cérébraux normalement peu ou pas reliés. Une unification qui ne se fait pas non plus au hasard, mais d’une façon particulière propre à la substance psychédélique.

Mais en même temps aussi, il y avait un aspect plus « fragmenté » dans d’autres réseaux cérébraux, comme quoi une même substance neuromodulatrice peut avoir différents effets à différents endroits du cerveau. On avait par exemple une baisse de connectivité entre le gyrus parahippocampique ou le cortex préfrontal médian et une partie du cortex cingulaire postérieur. Et l’intensité de cette « déconnexion » était corrélée au niveau subjectif à celle de l’impression de dissolution du soi et de l’altération du sens des choses. L’impression de devenir un avec les autres ou même avec l’univers rapportée par des décennies d’utilisation de cette substance trouve ici un corrélat neuronal intéressant. D’autant plus que ces impressions semblent être associées à des améliorations du bien-être durant un certain temps après que les effets immédiats de la drogue se soient dissipés, ce qui laisse entrevoir des perspectives thérapeutiques, notamment contre la dépression. Et non seulement pour le LSD, mais aussi pour la psilocybine, la molécule aux effets psychédéliques des « champignons magiques ». Cette dernière a fait l’objet de nombreuses études depuis un certain nombre d’années maintenant où ses effets de neuromodulation sur nos réseaux cérébraux favorisaient des associations mentales plus libres et une « expansion de la conscience », des effets psychologiques fréquents de cette substance.

Ces changements dans l’activité nerveuse globale du cerveau induits par la prise de psilocybine ont servi de base à une autre étude, résumée dans mon blogue, montrant que les meilleurs modèles pour décrire ce qui se passait alors étaient des modèles intégrant à la fois le connectome anatomique et la neuromodulation.

L'émergence de la conscience | Pas de commentaires


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