lundi, 18 novembre 2013
10ème anniversaire de l’Institut des sciences cognitives de l’UQAM
L’Institut des sciences cognitives (ISC) de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) s’apprête à souligner, les 21 et 22 novembre prochains, ses dix premières années d’existence. Il suit en cela les traces du Cerveau à tous les niveaux qui avait fait de même il y a un an.
Ce n’est d’ailleurs pas la seule chose qui les rapproche. Conçu comme point de convergence à toutes les activités relevant des sciences cognitives à l’UQAM, l’ISC a pour mission fondamentale le partage et la communication des savoirs relatifs au cerveau et aux comportements humains, exactement comme notre site conçu en ce sens avec ses 3 niveaux d’explication et ses 5 niveaux d’organisation.
Voilà peut-être pourquoi l’ISC a invité le concepteur du Cerveau à tous les niveaux à venir faire un « survol des neurosciences des dix dernières années » juste avant le cocktail qui va clore l’événement vendredi (voir le 1er lien ci-bas pour le programme). Vaste programme…
On ne pourra bien entendu qu’effleurer quelques avancées ou découvertes marquantes de la dernière décennie, considérant que selon une recherche rapide sur le site web PubMed, il s’est publié plus d’un demi-million d’articles scientifiques contenant le mot « brain » depuis dix ans…
Des choix éminemment subjectifs, donc, qui s’inspireront en partie de sujets déjà abordés dans ce blogue. Fidèle à notre approche par niveaux, notre petit survol commencera donc au niveau moléculaire et prendra ensuite « de l’altitude » jusqu’au niveau social. Nous rappellerons ainsi pour commencer à quel point ce qu’on a appelé la « théorie du neurone » en a pris pour son rhume depuis une décennie, avec des axones couplés électriquement, des potentiels d’action qui voyagent « dans le mauvais sens » et participent à la réinitialisation des synapses, de la communication autant digitale qu’analogique le long des mêmes axones, etc.
Outre les neurones, on s’intéressera ensuite au niveau cellulaire à « l’autre moitié du cerveau », c’est-à-dire les cellules gliales dont la fonction de communication suscite le débat, ainsi qu’au phénomène de neurogenèse et à ses fonctions possibles. Qui dit neurones dit évidemment connexions entre eux et nous verrons comment toutes sortes de grands projets nés depuis 5 ou 10 ans tentent, chacun à leur manière, d’établir le «connectome» du cerveau humain, cette carte routière de nos connexions neuronales.
Les réseaux fonctionnels qui en résultent à l’échelle cérébrale seront ensuite abordés, ainsi que les nombreuses techniques qui permettent maintenant d’appréhender la forme générale de ce réseau qui s’affiche de plus en plus comme une organisation modulaire de type « small world ». Un réseau dans lequel il se passe par ailleurs «toujours quelque choses», le réseau du mode par défaut et les incessants phénomènes oscillatoires venant constamment nous rappeler la forte activité endogène du cerveau qui en fait tout sauf un organe passif attendant d’être stimulé.
Et un organe qui entretient des liens si étroits avec le corps d’un individu que c’est à cette entité globale qu’on en vient à attribuer non seulement la perception et l’action (la boucle fondamentale sur laquelle tous les systèmes nerveux sont construits), mais également la cognition, toujours «incarnée». Et due à la complexité de ce corps-cerveau incarné, on n’a pas le choix de se tourner vers toutes sortes de modèles simplifiés pour l’étudier, ceux comme le Blue Brain Project ou le Human Brain Project nécessitant des ressources informatiques et financières si importantes, que l’on ne peut alors éviter d’aborder en même temps l’aspect sociologique et politique des neurosciences.
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En terminant, un mot sur la découverte il y a quelques jours d’une entrevue (voir le 2e lien ci-bas) d’une dizaine de minutes tournée en 1975 avec celui qui, avant tout le monde, avait saisi que l’organisation par niveaux d’organisation du vivant ne s’arrêtait pas avec l’individu mais qu’on pouvait et qu’on devait aussi tenter de comprendre le niveau supérieur de l’organisation sociale entre ces individus à la lumière de ce qu’il appelait à l’époque « la biologie des comportements » et qu’on nomme maintenant les sciences cognitives. Il s’agit de Henri Laborit, à qui le Cerveau à tous les niveaux est dédié pour cette raison, et qui explique dans cet entretien filmé à l’occasion de la sortie de son livre « La nouvelle grille » le vide qui doit être rempli entre la physique et le langage par cette nouvelle science qu’il appelle de ses vœux pour sortir l’humanité de ses instincts de domination menaçant jusqu’à la survie même de la biosphère qui l’a vu évoluer.
Laborit, qui fut professeur invité de bio-psycho-pharmacologie à l’UQAM de 1978 à 1983, aurait eu 99 ans jour pour jour le 21 novembre prochain, premier des deux jours soulignant les 10 ans de l’ISC. Il y aurait sans doute participé…
10ème anniversaire de l’Institut des sciences cognitives
Henri Laborit (Archives de la RTS, 07.04.1975, à parir de 8 :00 min.)
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