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lundi, 24 décembre 2012
Parenté et origine évolutive des sociétés humaines

Le temps des Fêtes est un des prétextes de choix pour se retrouver en famille. Le fait d’avoir de la parenté est toutefois si universel et si commun pour nous tous  qu’on n’est pas porté à en questionner les origines. Et pourtant, cette parenté a joué et joue toujours un rôle déterminant dans la façon dont s’organisent nos sociétés.

Le primatologue montréalais Bernard Chapais le démontre de façon convaincante dans son livre Primeval Kinship: How Pair-Bonding Gave Birth to Human Society, publié en 2008 et pour lequel il a reçu un prix important en anthropologie en 2010 (voir le 2e lien ci-bas). Dans cet ouvrage, Chapais nous invite à considérer la structure particulière de nos liens de parenté dans le cadre plus large des différents types de liens familiaux qu’entretiennent nos plus proches cousins primates (chimpanzés, bonobo, gorille, orang-outang, etc.).

Cette lentille de primatologue lui permet de voir au travers des innombrables variantes culturelles des sociétés humaines et de discerner les contours d’une structure profonde commune à tous les groupes humains. Et comme le révèle souvent une perspective évolutive, il montre que nous n’avons pas réellement  inventé grand-chose, mais que nous avons su en combiner certains comportements de manière inédite et socialement assez révolutionnaire !

Et la clé de voûte peut-être la plus fondamentale de l’affaire, c’est le phénomène du lien matrimonial à long terme chez l’humain, autrement dit le fait que nous nous attachons à notre partenaire sexuel et formons avec lui des liens suffisamment durables pour élever nos enfants, qui du coup reconnaissent le monsieur vivant avec leur mère comme étant… leur père !

Des liens de reproduction durables peuvent être observés chez d’autres primates (pas chez nos plus proches parents les chimpanzés cependant), mais l’être humain est le seul qui associe ce comportement avec l’exogamie, c’est-à-dire le choix d’un partenaire à l’extérieur de son propre groupe. Cela va permettre l’apparition, explique Chapais, d’alliances et de relations pacifiées entre différents groupes puisque des membres de la famille de l’un se retrouvent à tisser des liens avec ceux d’un autre groupe. S’ensuit la formation de tribus, de fédérations de ces tribus, et éventuellement de Cités et d’États.

Chapais rejoint ainsi les conclusions de l’ethnologue Claude Lévi-Strauss sur l’importance de l’exogamie, mais en lui ajoutant la perspective temporelle évolutive qui faisait défaut au père de l’anthropologie moderne. Il semble bel et bien exister un « noyau commun » au cœur de toutes les sociétés humaines quoique souvent difficilement discernable à cause de l’épais vernis culturel. La comparaison avec les structures sociales d’autres primates permet de gratter un peu ce vernis pour voir ce qui se cache en-dessous.

Bref, il devient maintenant extrêmement difficile de considérer la parenté humaine, et du coup le mariage ou la paternité, comme une construction purement culturelle sans racines biologiques profondes chez nos ancêtres primates.

i_lien Primeval Kinship: How Pair-Bonding Gave Birth to Human Society
i_lien L’AMERICAN ANTHROPOLOGICAL ASSOCIATION RÉCOMPENSE BERNARD CHAPAIS
a_his Kinship Back on Track: Primatology Unravels the Origin and Evolution of Human Kinship

Le bricolage de l'évolution | 2 commentaires »


2 commentaires à “Parenté et origine évolutive des sociétés humaines”

  1. […] a finalement reconnus chez nos cousins primates (utilisation d’outils, transmission culturelle, éléments de base de nos structures de parenté, etc.), le sens moral est, pour plusieurs, à jamais exclu. Encore que, selon les modèles […]

  2. […] a finalement reconnus chez nos cousins primates (utilisation d’outils, transmission culturelle, éléments de base de nos structures de parenté, etc.), le sens moral est, pour plusieurs, à jamais exclu. Encore que, selon les modèles […]