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lundi, 15 octobre 2012
« Mind in life » : une continuité entre la vie et la pensée

« Il n’y a pas de plus grande prison pour la pensée moderne que l’héritage cartésien qui sépare l’esprit de la vie », disait récemment Walter J. Freeman avant d’ajouter que Evan Thompson, dans son livre « Mind in Life » avait reconnu cette impasse et contribué à la surmonter. C’est de cet ouvrage dont il est question dans le Brain Science Podcast de ce mois-ci alors que le Dr. Ginger Campbell s’entretient avec Thompson sur son ouvrage synthèse publié en 2007.

Ouvrage synthèse car Thompson réussi à y montrer la profonde continuité entre la vie et la pensée, entre les premiers systèmes vivants comme la bactérie, et la cognition qui consiste à donner du sens à des attributs de son environnement. Bref, à montrer que la cognition est incarnée, thème de l’ouvrage phare co-écrit avec Francisco Varela et Eleonor Rosh il y a une vingtaine d’année (« The embodied mind ») et dont Mind in Life constitue en quelque sorte la suite.

On y retrouve les préoccupations de Varela et Thompson pour une réhabilitation de l’approche phénoménologique en neuroscience, dans l’optique d’une contrainte mutuelle des deux disciplines, les nuances de l’expérience vécue venant inspirer les modèles neurobiologiques et ceux-ci permettant en retour d’inspirer la démarche introspective. Mais on y retrouve surtout une route qui va de la simple « auto-organisation » cellulaire de base aux phénomènes humains les plus complexes comme la conscience, l’intersubjectivité et la culture.

Le Dr. Campbell, qui anime Brain Science Podcast depuis des années, explique au début de cet épisode avoir une fascination personnelle pour cette approche incarnée de la cognition et les phénomènes d’émergence qui lui sont associés. En ce sens, elle attire l’attention sur le fait que cet entretien avec Evan Thompson peut être pris comme la poursuite d’une réflexion également nourrie par la récente entrevue avec Terrence Deacon pour son nouveau livre « Incomplete Nature: How Mind Emerged from Matter ». Une entrevue qui vise, pour reprendre les termes du Dr. Campbell, à introduire l’idée centrale du livre qui est que la signification et la vie sont compatibles dans une vision scientifique du monde.

i_lien « Mind in Life » with Evan Thompson (BSP 89)
i_lien Terrence Deacon (podcast interview)
a_lien Mind in life and life in mind
a_lien MIND IN LIFE: BIOLOGY, PHENOMENOLOGY, AND THE SCIENCES OF MIND

L'émergence de la conscience | 1 commentaire


Un commentaire à “« Mind in life » : une continuité entre la vie et la pensée”

  1. blog-lecerveau dit :

    Alex Schmitt dit :
    Envoyé le 19/10/2012 à 12:36

    En tant que yogi je suis favorable aux modèles liant fortement corps et esprit, tel que l’embodied mind ou l’embodied cognition. J’espère que les recherches futures pourront développer des modèles pratiques et rigoureux, nous donnant une vision plus fidèle et précise de ce que nous sommes et comment nous fonctionnons.

    Par contre je m’élève fortement, encore et toujours, contre les personnes qui s’emportent contre le cartésianisme. C’est pourtant une nécessité scientifique basique que de remettre les choses dans leur contexte. Descartes à apporté une contribution majeure à la philosophie et à la science, et n’avoir qu’une vision négative de sa contribution, sans même remettre les choses dans leur contexte me parait complètement irrationnel et petit. (NB: je ne mets pas en cause les auteurs de ce site qui font un travail remarquable et que je remercie de laisser un espace d’expression).

    Quand nous lisons Descartes, et analysons sa pensée comme simpliste et dichotomique, c’est en fait faire preuve de peu d’esprit (pas seulement cartésien 🙂 . Tout scientifique digne de ce nom, remettrait la philosophie de Descartes et son analyse, dans son contexte premier : celui du 17ème siècle. Sans être, un spécialiste de la France à cette période, on peut déjà dresser une rapide ébauche de cette société : La grande majorité des gens étaient illettrés, superstitieux, surement d’un prosaïsme que l’on ne peut même pas imaginer à cause de la dureté de la vie (jusqu’à la fin du 18ème en France 40% des enfants étaient abandonnés à leur naissance), et j’en passe.

    Ce que nous connaissons de rationnel, d’abstraction, de logique ne date que d’au plus 1 siècle (en tout cas théorisé, modélisé et accessible à la masse). Et la force de Descartes, à qui tous ces jeunes coqs devrait plutôt faire honneur d’avoir ouvert la voie, est d’avoir noté et théorisé des modes de pensée différents : l’un émotionnel en relation étroite avec le corps et nos origines mammaliennes, et l’autre logique, rationnel, « cartésien » qui nous élève vers une société et une vie plus agréable, plus intéressante, plus humaine… Et plus spirituelle (dans le sens d’adéquation et d’interconnexion mind-body).

    Et le trait humoristique dans tout ça c’est que ces chercheurs, à qui je n’enlève pas leur qualité, et que j’espère qu’ils poursuivront vaillamment leur recherche, et nous apporterons de nouvelles façons de nous comprendre, c’est que c’est surement leurs émotions qui parlent, fiers de détrôner, de culbuter leur illustre prédécesseur. Ce que Descartes à dit, il l’a dit avec ses mots, avec les mots de son époque, par rapport à un environnement que nous avons peine à imaginer. Et nous le recevons, à travers les âges, à travers les traductions, dans un contexte complètement différent.

    C’était juste pour dire 😉