Après nous avoir appuyés pendant plus de dix ans, des resserrements budgétaires ont forcé l'INSMT à interrompre le financement du Cerveau à tous les niveaux le 31 mars 2013.

Malgré tous nos efforts (et malgré la reconnaissance de notre travail par les organismes approchés), nous ne sommes pas parvenus à trouver de nouvelles sources de financement. Nous nous voyons contraints de nous en remettre aux dons de nos lecteurs et lectrices pour continuer de mettre à jour et d'alimenter en contenu le blogue et le site.

Soyez assurés que nous faisons le maximum pour poursuivre notre mission de vulgarisation des neurosciences dans l'esprit premier d'internet, c'est-à-dire dans un souci de partage de l'information, gratuit et sans publicité.

En vous remerciant chaleureusement de votre soutien, qu'il soit moral ou monétaire,

Bruno Dubuc, Patrick Robert, Denis Paquet et Al Daigen






lundi, 27 février 2012
Deux blocs de 4 heures de sommeil au lieu d’un seul de 8 ?

Depuis environ deux décennies, une convergence de données, tant historiques que scientifiques, semble indiquer que le pattern de sommeil d’une nuit typique d’un être humain ne serait pas le 7 ou 8 heures consécutives que l’on expérimente aujourd’hui (avec des différences interpersonnelles allant de 5 à 11 heures), mais bien une structure en deux temps. Plus précisément, un premier 4 heures de sommeil, suivi d’une période d’éveil d’une heure ou deux, et un autre 4 heures de sommeil pour compléter la nuit.

D’où proviennent ces données qui mettent à mal le dogme de la bonne nuit de sommeil de 8 heures où l’on « dort comme une bûche » ? D’abord d’une expérience effectuée au début des années 1990 où des sujets étaient plongés dans l’obscurité 14 heures par jour pendant un mois. À la quatrième semaine, on a vu apparaître le pattern biphasique décrit ci-haut.

Des historiens ont par la suite, au début des années 2000, répertorié tout un corpus de références provenant de journaux intimes, de rapports légaux, de textes littéraires ou médicaux qui toutes indiquent non seulement l’existence de ce sommeil en deux blocs, mais surtout qu’il était la plupart du temps présenté comme un fait avéré et socialement reconnu.

Jusqu’à ce que les techniques d’éclairage urbain et domestique se répandent et deviennent plus performants. On assiste alors, dans les registres historiques, à une baisse des mentions des deux phases du sommeil qui commence vers la fin du XVIIe siècle (les premières rues éclairées le furent à Paris en 1667) pour disparaître complètement au début du XXe siècle. Le temps, finalement, où avoir une vie sociale durant ce qui était autrefois le début de la nuit se répande dans toutes les classes sociales.

Ces données confirment que la nature de notre sommeil peut être altérée par de nombreux facteurs externes, souvent par l’entremise de nos horloges biologiques. Outre le bien connu décalage horaire, il semble donc que des changements sociaux durables dus à des innovations technologiques comme l’éclairage puissent avoir des effets tout aussi durables sur l’état dans lequel nous passons tous le tiers de notre vie, le sommeil. Et peut-être, pensent certains, divers troubles du sommeil ont-ils pour origine ce changement de contexte survenu en quelques siècles, c’est-à-dire extrêmement brutalement à l’échelle de temps de l’évolution de notre espèce.

i_lien The myth of the eight-hour sleep
i_lien At Day’s Close: Night in Times Past

Dormir, rêver... | 5 commentaires »


5 commentaires à “Deux blocs de 4 heures de sommeil au lieu d’un seul de 8 ?”

  1. […] Deux blocs de 4 heures de sommeil au lieu d’un seul de 8 ? par blog-lecerveau.mcgill.ca […]

  2. Blackline dit :

    Wah, impressionnant, une réponse sur quel est le préférable ? J’pense essayer de faire ça durant une semaine (2 bloc de 4 heures) ça peut être sympathique.

  3. Rinadick dit :

    meilleur moments pour un sommeil reposant c’est effectivement en 2 tranches. mais pas comme il est dit. essayez plutôt: au moins une heure (plus c’est mieux) avant minuit jusqu’à une bonne heure avant le levé du soleil et en 2è tranche une heure maximum l’après midi.

  4. rochon paul dit :

    Ayant passé un doctorat sur le sommeil… j ai toujours testé sur moi quelques théories. je n avais jamais entendu parlé de cette théorie (a part les cas clinique de biphasie) bien que l on connaisse les rythmes long depuis les expériences de M. Siffre.
    Depuis près de 2ans, vivant au rythme que je souhaite, j ai naturellement mis en place un rythme biphasique qui existait déjà parfois par le passé.
    il faut savoir que l on peut modifier ses rythmes simplement par un apprentissage comportemental mais que ça prend du temps!
    Par ailleurs, il est tout bonnement impossible de connaitre le rythme endogène de notre sommeil puisque meme dans le noir, il reste dépendant de ce facteur.
    il semble que le corps s adapte aussi très facilement au contexte et je pense que le sommeil joue le rôle de tampon (corporel et cognitif).
    par exemple, on peut être presque sur que, du moment ou l homme a cuit ses aliments, son rythme de sommeil s est modifié!
    qu en est il des temps de sommeil des tributs vivant sans éclairage artificiel ?

  5. blog-lecerveau dit :

    Your Ancestors Didn’t Sleep Like You

    http://slumberwise.com/science/your-ancestors-didnt-sleep-like-you/