lundi, 8 décembre 2025
« Notre cerveau » comme cadeau !
Vous vivez dans une culture qui aura bientôt son « temps des Fêtes », qui remonte à un rituel païen célébrant le solstice d’hiver, puis la naissance d’un enfant venu « sauver le monde », et finalement la surconsommation débridée de biens matériels ? Eh bien la pub qui suit est pour vous ! Elle vous offre la chance de réduire votre dissonance cognitive en participant au rituel des cadeaux (et donc de rester pleinement reconnu et respecté de votre groupe social) tout en fournissant aux destinataires du bien matériel en question l’opportunité de mieux connaître le système nerveux qui actualise ce même rituel, et peut-être l’amener, au prix de quelques arbres abattus je vous l’accorde puisqu’il s’agit ici d’un livre, de questionner peut-être un peu les effets globaux de l’état actuel de ce rituel sur l’avenir de notre planète, par exemple. Et ce livre, c’est évidemment celui que j’ai publié il y a un an chez Écosociété, « Notre cerveau à tous les niveaux. Du Big Bang à la conscience sociale », toujours disponibles de multiples façons comme l’indique son site web ! Me voilà donc en train de faire comme tout le monde en cette période de l’année, en justifiant comme je viens de le faire l’achat de ce livre qui explique justement, dans sa 10e rencontre (ou chapitre), les mécanismes de ces justifications langagières qui couvrent a posteriori des motivations inconscientes mais néanmoins souvent fondamentales, par exemple ici de permettre à l’auteur de manger et payer son loyer… 😉 Je me contenterai donc cette semaine de faire cette pub du temps des Fêtes pour mon livre, en rappelant en plus que comme il est déjà rouge, vous n’avez qu’à mettre un ruban vert autour pour qu’il ait en plein les bonnes couleurs culturellement associées au rituel en question !
Et si j’ai essayé de donner un léger recul historique et anthropologique à ce billet, c’est parce que je suis en train de lire l’ouvrage « Ethnographies des mondes à venir » qui plonge au cœur des disciplines fascinantes que sont l’ethnologie et l’anthropologie. J’avais mis cet ouvrage en référence (la 8e dans la 11e rencontre de Notre cerveau à tous les niveaux) parce que j’avais déjà commencé cette œuvre hybride livre / BD sous forme de dialogue (tiens, tiens…) entre Alessandro Pignocchi et Philippe Descola, ethnologue et anthropologue français important. Pignocchi a pour sa part un parcours qui le rend particulièrement intéressant pour moi, étant formé en sciences cognitives et philosophie, mais étant aussi auteur de nombreuses BD et devenu lui aussi ethnologue « sur le tard ».
Un des concepts clés de l’anthropologie exploré dans ce bouquin est celui de la « symétrisation », qui part de la difficulté d’interpréter une autre culture sans les modèles a priori de la culture de laquelle on est issu. Et les efforts nécessaires que l’ethnologue doit faire pour vivre l’étrangeté de ce qu’il découvre pour ce qu’elle est dans un premier temps, puis pour faire avec prudence des analogies avec des pratiques de sa propre culture. C’est ce que Pignocchi mets souvent en scène dans ses BD avec un anthropologue Achuar d’Amazonie qui débarque à Paris pour étudier les Français ! Dans Ethnographies des mondes à venir, il y en a un par exemple qui le matin dans un bistrot conclut à la présence de deux sous-groupes distincts de Français, ceux qui boive un liquide brun dans une tasse et qui partent d’un air excité peu après, et ceux qui boivent pendant de longues heures en parlant fort un liquide rouge dans des coupes de verre…
J’arrive en ce moment dans l’ouvrage au moment où Descola explique pourquoi des concepts qui nous semblent universels comme la société, l’économie ou la nature, n’existent simplement pas dans le langage des Achuar qui entretiennent un rapport tout autre avec les autres êtres vivants non humains qui les entourent et à qui ils attribuent une certaine intériorité, contrairement à ce que nous faisons, nous, occidentaux. J’arrête ici, mais j’aurai certainement l’occasion d’y revenir éventuellement, peut-être avec le dernier livre de Pignocchi qui vient de sortir en 2025, « Perspectives terrestres », un autre mi-essai mi-BD qui esquisse « un scénario pour une émancipation écologiste ».
Et parlant de livres parus en 2025, je vous reviens la semaine prochaine avec quelques autres références 2025 que j’ajouterai dans mon livre paru en 2024. Preuve qu’il est encore assez à jour pour être offert au solstice d’hiver ! 😉 Et que pas mal de médias en ont aussi dit du bien depuis un an…
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