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lundi, 19 décembre 2016
Ménager son système immunitaire en refusant d’être dominé et en prenant des vacances !

On a donc conclu la semaine dernière une expérience inédite sur ce blogue, celle d’avoir résumé chaque lundi les 14 séances du cours sur la cognition incarnée que j’ai données à l’UQAM durant l’automne [les présentations complètes en format pdf sont disponibles ici].

Ce fut une expérience exigeante mais fort enrichissante, et je remercie la dizaine d’irréductibles qui y ont participé semaine après semaine. Même si le jeu des crédits universitaires m’obligeait à évaluer des travaux, je ne crois pas avoir établi une hiérarchie de pouvoir entre les étudiant.es et moi, et pour cause : une étude qui vient d’être publiée dans le numéro du 25 novembre dernier de la revue Science démontre en effet que la position de subordination dans un groupe semble avoir des effets néfastes sur le système immunitaire…

Il s’agit, pour être plus précis, de la position relative d’un singe rhésus dans la hiérarchie de dominance de son groupe qui influence le fonctionnement de son système immunitaire de la manière suivante : plus le rang d’un singe est bas dans la hiérarchie, moins il produit de cellules immunitaires d’un certain type.

Et ce changement semble être produit par l’activation ou non de gènes. Car lorsqu’un animal change de position dans la hiérarchie (suite à une manipulation des groupes par les expérimentateurs), le taux d’expression de ces gènes change aussi. Par exemple, un animal bas dans la hiérarchie active plus de gènes reliés à l’inflammation.

L’inflammation est normale et utile pour combattre les infections, comme on l’a vu à la séance 12 de notre cours sur la cognition incarnée. Mais quand ces mécanismes inflammatoires sont activés en l’absence de microbe, probablement juste par le stress infligé par les individus dominants, alors ils deviennent néfastes pour la santé.

Détail intéressant, les individus subordonnés qui se faisaient le plus toiletter (“grooming”) étaient ceux qui avaient les processus inflammatoires les moins élevés. Ce qui fait dire à Noah Snyder-Mackler, l’auteur principal de l’étude :

“I think there’s a really positive social message. If we’re able to improve an individual’s environment and social standing, that should be rapidly reflected in their physiology and immune cell function. “

Cela nous ramène évidemment au concept d’inhibition de l’action, élaboré par Henri Laborit, l’un des pères de la neuro-psycho-immunologie, et mis en scène de façon remarquable dans le film Mon oncle d’Amérique, d’Alain Resnais. Et à quel point ne pas pouvoir exprimer son plein potentiel à cause d’une forme ou d’une autre de hiérarchie de dominance peut être la cause de bien des pathologies, souvent par l’entremise d’un système immunitaire diminué.

* * *

Je terminerai donc ici ma contribution à ce blogue pour l’année 2016, prenant la semaine prochaine « off » comme on dit en bon québécois. Histoire de recharger mes batteries pour 2017 après cet automne exaltant mais aussi un peu épuisant. J’ai tellement parlé ici de l’importance de s’accorder des vacances et de la gestion du stress que je serais bien bête de me soumettre à mon propre sur-moi souvent prompt à toutes sortes d’excès de zèle…

Bref, bon repos, et à bientôt !

i_lien For Monkeys, Lower Status Affects Immune System
a_exp Social status alters immune regulation and response to infection in macaques

Le corps en mouvement | Comments Closed


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