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lundi, 26 novembre 2012
Les différentes vitesses de notre perception du temps

La perception du passage du temps est quelque chose d’étonnamment subjectif. Des interminables vacances d’été de notre enfance à notre incrédulité d’apprendre le nombre d’années écoulées depuis certains événements (l’ouragan Katrina, il y a 7 ans déjà, ou encore l’accident nucléaire de Chernobyl, il y a… 26 ans !), il nous arrive souvent de sous ou de surestimer les durées. Quels sont les facteurs qui poussent dans un sens ou dans l’autre ? Y’a-t-il des échelles de temps affectées et pas d’autres ? Des régions cérébrales associées ?

On connaît assez bien le rôle du noyau suprachiasmatique de l’hypothalamus dans les rythmes circadiens, ceux qui font fluctuer nombre de nos cycles biologiques autour de 24 heures. Et l’on dispose de certaines données impliquant les noyaux gris centraux et leurs circuits utilisant la dopamine comme neurotransmetteur. Mais l’on sait encore somme toute peu de choses sur ce sujet fascinant qu’aborde Claudia Hammond dans un récent ouvrage intitulé Time Warped: Unlocking the Mysteries of Time Perception.

Chose certaine, notre perception du temps varie. C’est une construction de notre cerveau qui est influencée par ce que nous sommes et ce que nous faisons à un instant donné. Vous êtes déprimé ou faites un travail routinier ennuyeux ? Les secondes s’égrainent, interminables. Vous avez une discussion passionnante en conduisant ? Les deux heures d’autoroute vous paraissent une demi-heure.

Les choses ne sont toutefois pas toujours aussi simples. C’est le cas de ce que Hammond appelle le paradoxe des vacances. Par exemple, lors d’un voyage à l’étranger durant quelques semaines, vous ne voyez pas passer vos journées. Pourtant à votre retour vous avez l’impression d’être parti depuis une éternité. Deux effets opposés seraient alors en jeu estime l’auteure : la nouveauté qui nous captive et qui accélère notre perception du temps à l’étranger, et la quantité de nouveaux souvenirs qui, à notre retour, nous donne l’impression qu’une longue période s’est écoulée.

C’est ce dernier phénomène qui pourrait expliquer, du moins en partie, l’expérience communément rapportée que les années passent plus vite en vieillissant. Comme souvent les gens ont une vie plus stable et routinière avec l’âge, la quantité d’expériences nouvelles par unité de temps diminue, et la perception subjective du temps s’accélérerait d’autant.

Connaître ces phénomènes peut nous donner quelques outils pour manipuler nos propres perceptions temporelles. Faire la grasse matinée jusqu’au samedi après-midi permet certes de décompresser, mais ce n’est peut-être pas le meilleur moyen de « mettre de la distance » avec le boulot. Faire quelque chose de nouveau dès le vendredi soir, et poursuivre avec quelques autres activités différentes le samedi a plus de chance de vous donner l’impression, le dimanche venu, que votre semaine de travail est déjà loin derrière vous…

i_lien Does life speed up as you get older?
i_lien Claudia Hammond: Time frame of mind
i_rec Claudia Hammond website
a_his Aging and the speed of time.

Au coeur de la mémoire | 1 commentaire


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