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lundi, 30 janvier 2017
L’heure n’est pas à la rigolade

Étant sous le choc comme bien des québécois.es par rapport aux événements survenus dans ma province hier soir (fusillade dans une mosquée de Ste-Foy/Québec) et comme nord-américain par ceux survenus au cours de la dernière semaine (Trump et ses décrets, dont celui sur l’immigration), je me permets de relayer aujourd’hui quelques articles / réflexions de circonstance.

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Un psychothérapeute américain de renom, John D. Gartner, a jugé les comportements de Donald Trump suffisamment préoccupants pour briser la règle éthique de sa profession qui exige le consentement et un entretien personnel avec une figure publique dont on veut faire le diagnostic. Considérant avoir amplement de données sur le médiatique nouveau président des États-Unis pour le faire, le verdict de Gartner ne vous surprendra point : Donald Trump est un narcissique malin.

Selon les termes mêmes de ce professionnel de la santé mentale, « Donald Trump est dangereusement malade mentalement » ce qui, selon lui, le rendrait « incapable d’être président avec ce tempérament ». En fait, si l’aspect narcissique du personnage est évident et contient son lot de caractéristiques haïssables (grandiloquence, agressivité, paranoïa, comportements antisociaux, etc.), c’est la version maligne (« malignant narcissism », en anglais) qui fait peur puisqu’elle serait incurable contrairement au simple désordre de la personnalité narcissique.

Si vous trouvez cela un peu exagéré, lisez la description du narcissisme malin sur le site du magazine Psychology Today. Elle semble avoir été écrite mot pour mot en pensant à Donald Trump :

« Malignant Narcissists will go to great lengths to achieve their aim.  They can be intelligent, high functioning (hold an important job for example) soft-spoken, charming, tearful/seemingly emotional, gracious, well mannered, kind and have the ability to form relationships. They may lie, falsely accuse, dramatize, smear, cheat, steal, manipulate, accuse, blame or twist to get what they want and feel justified in doing so. Because they are entitled, egocentric and desperate, they do not experience it as wrong. They are determined to gratify their wishes and furious if thwarted. Their desire can be so consuming that there is little comprehension of, respect for or ability to empathize with the other.  They lack guilt or remorse and tend to feel or pronounce that it is they who have been mistreated.”

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Heureusement, la résistance semble s’organiser de la base jusqu’aux plus hautes instances politiques. Je pense par exemple à ce discours du maire de Boston qui refuse le décret contre les immigrant.es et promet de faire tout en son pouvoir pour aider toute personne menacée ou rendue vulnérable par les décisions de Donald Trump. Mais comme il s’agit ici d’un blogue scientifique, donnons simplement deux exemples de prises de position anti-Trump fortes dans le milieu académique.

D’abord celle de l’Université du Michigan qui a publié un communiqué samedi dernier affirmant qu’elle refuse catégoriquement de fournir le statut d’immigration de ses étudiants, tel que demandé par l’administration Trump.

Et le chercheur en sciences cognitives et auteur du blogue Neuroconcience, Micah Allen, qui a publié hier un « Guide de la résistance pour les chercheurs » en cette période de « crise et d’agitation politique ». Allen y dresse et y mettra à jour l’état de la situation et les actions possibles pour les scientifiques qui veulent lutter activement contre la peur institutionnalisée.

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En terminant sur cette ère de « post-vérité » et de « faits alternatifs », un article intéressant signé Peggy Sastre sur notre propension à croire qui nous porte souvent à minimiser ou même à négliger les faits qui ne vont pas dans le sens de nos croyances. L’idée étant, avec ce « biais de confirmation » comme avec tous nos autres biais cognitifs, que pour espérer les contourner, il faut d’abord savoir que ces prédispositions existent en nous…

Extrait de l’article :

«La superstition est l’art de se mettre en règle avec les coïncidences», disait (paraît-il) Jean Cocteau. Une formulation un peu moins jolie, mais plus consistante avec l’état actuel de nos connaissances serait la suivante: l’esprit n’est pas «fait» pour observer et connaître le monde, mais pour y trouver du sens et des causalités. Les guillemets relèvent bien évidemment d’un abus simplificateur de langage. À proprement parler, notre esprit n’a été fait par personne et pour rien du tout, mais s’il possède aujourd’hui cette si lourde propension à croire des choses qui n’existent pas, c’est parce que sur une période assez longue de notre très lointain passé biologique, de telles configurations ont été bénéfiques à nos gènes, comme autant de mécanismes psychologiques sélectionnés par l’évolution et interagissant entre eux pour générer cette crédulité qui nous est aujourd’hui si «naturellement» universelle. »

Les troubles de l'esprit | 1 commentaire


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