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lundi, 11 février 2013
Ocytocine et autres engouements : rien n’est simple

La science n’est pas immunisée de certains effets de mode. L’enthousiasme étant un phénomène tout ce qu’il y a de plus humain, certains scientifiques perdent parfois un peu de la prudence essentielle à qui travaille sur des processus infiniment complexes. Phénomène amplifié par une certaine presse à grand tirage qui fait son pain et son beurre en vendant de la copie est qui est très friande de la moindre « découverte d’un nouveau gène qui… » ou d’un « nouveau centre de… » dans le cerveau. Gène et centre qui n’agissent à peu près jamais seul, mais ça, malheureusement, on n’a pas toujours l’espace pour en parler…

Tout cela pour dire qu’il y a, en neuroscience comme ailleurs, des « buzzwords », des mots à la mode qui occupent pour un temps un très (trop ?) grand espace médiatique. Il n’est pas surprenant d’entendre alors à l’occasion certaines voix venir relativiser un peu la portée de ces découvertes. Sans rien enlever au caractère singulier des neurones miroirs, on a pu, par exemple, relever certains problèmes avec les interprétations les plus enthousiastes ou spéculatives à leur endroit.

C’est un peu la même démarche critique qu’appliquait Greg Miller à l’ocytocine dans le magazine Science en janvier 2013. Cette « hormone du lien », déjà connue pour son rôle lors de l’accouchement et pour l’éjection du lait maternel, avait vu s’est effets s’élargir au lien mère – enfant, mais surtout, depuis certaines études médiatisées vers les années 2005, à tout lien social. L’ocytocine inhalée par vaporisateur nasal augmenterait ainsi chez l’humain non seulement la confiance et la coopération, mais également la réceptivité à certains signaux sociaux comme la reconnaissance des visages et des expressions faciales.

Miller relève cependant un certain nombre d’aspects un peu moins « sympathique » pour l’ocytocine. Il est vrai que des essais cliniques ont démontré que l’ocytocine améliorait modestement l’état d’enfants et d’adultes autistes ou de certains patients psychotiques. Mais d’autres travaux où l’on a montré que l’injection d’ocytocine à de jeunes campagnols nuisait par la suite à leurs comportements d’attachement et de reproduction ont jeté une ombre au tableau. Sans parler d’autres études, cette fois chez l’humain, démontrant que si l’ocytocine tend à augmenter les comportements altruistes envers les individus de son propre groupe, elle augmente également les agressions envers les individus des autres groupes, les « étrangers ».

Et comme, en plus, les effets de l’hormone varient selon la constitution génétique particulière d’un individu et son état psychologique, il semble que ce ne soit malheureusement pas demain la veille que cette simple molécule va régler tous nos conflits…

i_lien The promise and perils of oxytocin.
a_his The Promise and Perils of Oxytocin

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